L’apparition et le développement du FHAR furent si rapides que nul ne se soucia d’analyser les raisons pour lesquelles son mode d’action principal fut le sabotage. Nous gambadions comme des enfants qui, en guise de ballons, auraient joyeusement brandi des bombes à hydrogène. En effet, de par notre lutte contre la famille et contre une sexualité biologisée, nous étions le désordre, l la catastrophe, l’événement explosif caractéristique d’une métamorphose par et dans la désintégration.
Notre premier slogan, déjà, mettait en lumière ce trait fondamental : NOUS SOMMES UN FLÉAU SOCIAL !
Ainsi la force du FHAR devait essentiellement résider dans sa capacité de refus. Nous n’étions jamais aussi déterminés que lorsque nous décidions d’aller perturber manifestations et discours de ceux dont la parole rencontre l’approbation d’un groupe social, quel qu’il soit, médecins, prêtres, hommes politiques, tout nous était bon.
Il n’est donc pas surprenant que nous nous soyons retrouvés assez nombreux salle Pleyel où Ménie Grégoire avait organisé une émission sur l’homosexualité, transmise en direct sur Europe n°I. Ce dernier point surtout nous intéressait car nous étions décidés à passer sur les ondes; Filles et garçons s’étaient d’abord sagement installés aux premiers rangs de la salle où abondaient retraités des deux sexes et bourgeoises désœuvrées dans la mesure où l’émission, style Aujourd’hui Madame, avait lieu dans l’après-midi…. »
Cette oeuvre aux dimensions imposantes (1m30 sur 1m60) représente uns scène d’amour et d’orgasme dans une ville « cubiste » qui marque un tournant dans l’histoire de la représentation du couple de femmes.
Pour la première fois, en effet, le couple est montré dans la cité, intégré au monde civilisé moderne et non plus dans l’alcôve, le harem ou le monde sauvage et mythologique de la forêt. Derrière les deux femmes se dressent des immeubles modernes traités de manière cubiste qui contrastent curieusement avec la paix charnelle qui émane des deux femmes aux corps puissamment architecturés. En fait, tout le tableau est construit sur le contraste entre la cité cubiste aux angles aigus et aux lignes brisées, et les corps des femmes traités en courbes et en volumes. Contraste, ou plutôt mise en perspective, si l’on se réfère au titre de Perspective sous lequel le tableau fut exposé. La cité est-elle brisée parce qu’elle refuse toujours de reconnaître l’amour entre femmes ? Une cité à l’univers d’autant plus chaotique que s’impose à nous, avec une majesté presque impudique, l’orgasme pacifiant des amantes .
(Extrait de Les Deux Amies, essai sur le couple de femmes dans l’art, Editions Blanche, 2000, p. 199.)
Je remercie
la Mairie de Paris et particulièrement Catherine Vieu-Charier, adjointe à la
Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant, ainsi que M.
Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement, d’accueillir dans le
square Louvois Andrée Jacob et Eveline Garnier, deux grandes actrices de notre
histoire qui ont étonnamment disparu de notre mémoire collective.
Merci de
faire acte de justice, non seulement pour l’histoire des femmes mais aussi pour
l’histoire de la résistance en France, et plus spécialement de ce cher Paris où
elles sont nées, ont vécu et ont travaillé toute leur vie. Savions-nous qu’Andrée
Jacob est à l’origine des panneaux présentant les monuments et sites principaux
de la capitale ?
Il faut dire
qu’Andrée Jacob le connaissait bien, l’ayant arpenté dans tous les sens sous
l’Occupation comme secrétaire de Claude Bourdet, qui était monté dans la
capitale en juillet 1943 pour diriger le réseau Noyautage des Administrations Publiques
(NAP).
Le fait
qu’elles vivaient ensemble rue Rousselet dans le 7e arrondissement,
et qu’elles se sont connues avant l’Occupation, dans le cercle de Jacques
Maritain, l’oncle d’Eveline, y est pour quelque chose. Ce milieu de catholiques
de gauche donnera naissance à Témoignage
chrétien et au numéro spécial sur l’antisémitisme sorti en pleine
occupation. Andrée Jacob est évidemment bien placée pour être alertée et
organiser la résistance. Elle conduira ses parents en zone sud, dans la maison
de Buissière ou habite la famille d’Eveline Garnier, ne portera jamais l’étoile
jaune, et fabriquera des faux papiers pour les Juifs de son entourage. Ariane
Lévery, présente parmi nous aujourd’hui, a pu bénéficier de ces papiers qui lui
ont sauvé la vie, ainsi qu’à sa mère. Elle est d’ailleurs venue avec.
A partir de
1943, le travail s’intensifie. Il s’agit de préparer la libération en
protégeant les membres de l’administration publique résistants. Sans ce travail
incessant de ces chevilles ouvrières de la Résistance, il n’est pas certain que
de Gaulle aurait pu s’appuyer de manière aussi confiante sur une administration
épurée qui posera les fondement du nouvel Etat français.
Grâce à leur
sang froid, quand un certain matin d’avril 1944, la Gestapo est venue frapper à
leur porte, elles ne furent pas arrêtées et purent ainsi reprendre le flambeau
de la direction du réseau Nap en juin 1944, à la suite des arrestations ses
chefs. S’occuper de la logistique, de la gestion des fonds, de la récolte et
distribution des quelques 600 lettres échangées quotidiennement entre les
différents centres de décision de l’insurrection parisienne, sans oublier la
protection des archives, cachées aux Archives nationales ou travaillait
Jacqueline Chaumié.
Elles
représentent l’armée invisible des femmes sans lesquelles la Résistance
n’aurait pas été en mesure de préparer et réussir l’Insurrection parisienne.
Puisque nous
sommes en face de la Bibliothèque nationale, Rappelons l’acte de bravoure
d’Andrée Jacob qui l’a libérée à la tête d’un peleton FFI et fait arrêter
Bernard Faye au moment où il allait s’évader vers les Etats Unis avec des
fichiers importants, comme elle le raconte dans son témoignage conservé aux
Archives nationales.
Après la
Libération, un autre travail tout aussi essentiel les attendait au ministère
des Prisonniers, déportés et rapatriés, dresser un premier fichier des
disparus, et participer à la Mission dirigée par l’historienne Olga Wormser sur
l’identification, la localisation et la recherche des déportés de France. Elle
participera aussi à la constitution de la documentation pour le film Nuit et brouillard d’Alain Resnay.
Il aura donc
fallu 75 ans, pour que ce couple de pionnières du devoir de mémoire et de la
valorisation du patrimoine, ce couple de femmes résistantes mystérieusement
rayées de l’histoire en dépit de leur état de service prestigieux, soit enfin
honorées par notre cité de Paris.
J’espère que les jeunes pourront désormais puiser auprès d’elles la force de résister à l’oppression sous toutes ses formes (politique, religieuse, technologique) pour participer au renouveau si nécessaire de notre monde. Marie-Jo Bonnet, 29 août 2019
16 Mars 2018 à 20h30 à la MIR : Conférence dans le cadre des journées du 8 Mars avec Marie Jo Bonnet qui exposera sa vision de l’intersectionnalité, thème choisi par la ville de Rennes cette année. Après une brève introduction de FEE, Marie Jo Bonnet, historienne d’art, militante historique de la cause féministe nous présentera son exposé « Convergences et divergences des luttes intersectionnelles: l’exemple de l’homosexualité ». Venez nombreuses !!!
Un espace sera dédié à la dédicace de son dernier livre publié en 2018 « Mon MLF » aux éditions Albin Michel.
Organisé par l’association Femmes Entre Elles- Maison Internationale de Rennes 7, Quai de Chateaubriand, Rennes. Métro : République.
Beuzeville. L’assassinat de la « gestapiste » donne lieu à des questions concernant l’identité de la personne réellement visée.
Près de 80 personnes ont assisté dans la salle du conseil municipal de Beuzeville à la conférence-débat donnée par Marie-Jo Bonnet, auteur de Violette Morris, Histoire d’une scandaleuse (éditions Perrin, 2011) et Alain Corblin, spécialiste du maquis Surcouf, préfacier et commentateur du Journal de Puce alias Simone Sauteur. Le public est venu écouter les conférenciers donner leurs points de vue sur cet étonnant et intrigant personnage de la Seconde Guerre mondiale.
Éléments troublants
Marie-Jo Bonnet remet en cause dans son ouvrage la thèse de « la gestapiste exécutée par le maquis Surcouf », le 26 avril 1944, sur une route de campagne aux environs de Lieurey. Le corps de Violette Morris, celui de M. Bailleul (un boucher de Beuzeville) et ceux de quatre autres occupants de la voiture, dont deux jeunes enfants, avaient été retrouvés criblés de balles. Après une enquête détaillée et fouillée, Marie-Jo Bonnet avait apporté des éléments troublants mettant à mal certains écrits précédents. Dans les documents allemands retrouvés après guerre notamment, aucun ne mentionnait l’argent versé à Violette Morris, pratique plus que courante alors.
Le charcutier visé ?
Au fil de cette conférence, et notamment après les derniers éléments mis en lumière par Alain Corblin, documents à l’appui, l’hypothèse que ce fut le charcutier qui était visé prit de l’épaisseur, même si dans la salle, certains auditeurs ont fortement contesté cette version.
L’histoire fera débat quelque temps encore !
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