Anne-Marie Grélois / Fauret

Anne-Marie Grélois ( à droite) et Marise manifestant en 1971 (photo Elie Kagan)

Manuscrit inédit d’Anne-Marie Grélois (archives Marie-Jo Bonnet):

Le FHAR, théories et tendances

L’apparition et le développement du FHAR furent si rapides que nul ne se soucia d’analyser les raisons pour lesquelles son mode d’action principal fut le sabotage. Nous gambadions comme des enfants qui, en guise de ballons, auraient joyeusement brandi des bombes à hydrogène. En effet, de par notre lutte contre la famille et contre une sexualité biologisée, nous étions le désordre, l    la catastrophe, l’événement explosif caractéristique d’une métamorphose par et dans la désintégration. 

Notre premier slogan, déjà, mettait en lumière ce trait fondamental : NOUS SOMMES UN FLÉAU SOCIAL !

Ainsi la force du FHAR devait essentiellement résider dans sa capacité de refus. Nous n’étions jamais aussi déterminés que lorsque nous décidions d’aller perturber manifestations et discours de ceux dont la parole rencontre l’approbation d’un groupe social, quel qu’il soit, médecins, prêtres, hommes politiques, tout nous était bon.

Il n’est donc pas surprenant que nous nous soyons retrouvés assez nombreux salle Pleyel où Ménie Grégoire avait organisé une émission sur l’homosexualité, transmise en direct sur Europe n°I. Ce dernier point surtout nous intéressait car nous étions décidés à passer sur les ondes; Filles et garçons s’étaient d’abord sagement installés aux premiers rangs de la salle où abondaient retraités des deux sexes et bourgeoises désœuvrées dans la mesure où l’émission, style Aujourd’hui Madame, avait lieu dans l’après-midi…. »

Les GOUINES ROUGES (1971-1973)

Les Gouines rouges sont nées d’une volonté de s’affirmer au coeur d’un double mouvement de révolte des femmes et des homosexuels parce que les lesbiennes risquaient d’en disparaître prématurément.

C’était en avril 1971. Le Mouvement de Libération des Femmes existait depuis huit mois environ et les quelques trois cents femmes qui venaient régulièrement aux Assemblées Générales des Beaux-Arts lançaient une campagne pour l’avortement et le contraception libres et gratuits qui faisait beaucoup de bruit. Le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire avait été créé un mois auparavant, à l’initiative de militantes du M.L.F., et de quelques camarades de l’association Arcadie qu’elles connaissaient et qui en avaient assez du réformisme homophile de papa. « L’alliance entre les filles du M.L.F. et les pédés du F.H.A.R. » paraissait si évidente alors que personne n’a remis en question la mixité du F.H.A.R. Ils étaient comme nous victimes de la phallocratie, et comme nous voulaient la « libre disposition de notre corps ». Continuer la lecture de Les GOUINES ROUGES (1971-1973)

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