La reconnaissance des femmes artistes

La notion de « génie » va permettre de redistribuer les cartes en faveur des hommes

À partir de la Révolution, le génie devient un fait de la nature, une composante de la virilité qui s’incarne dans une institution de l’État,

Pourquoi est-ce que l’homme-muse n’existe pas ? À cause de la domination symbolique masculine. Du fait qu’il gouverne la société, le masculin n’est pas un manque. Il est plutôt en excès, omnipotent et omniprésent. Le dieu créateur se laïcise tandis que les femmes sont empêchées de développer un féminin actif, différent et pluriel. L’homme reste le maître à l’ombre duquel les femmes s’expriment. Il est celui qui montre le chemin et prophétise l’avenir. Les femmes ne peuvent donc pas sortir de la problématique de l’imitation des modèles à l’intérieur de laquelle elles ont le droit de s’exprimer.

Le sublime. C’est ce souffle qui féconde la prophétesse, lui permettant de parler sous l’inspiration divine, c’est-à-dire à partir d’une autre source que le moi. À cette époque, les humains ne se prenaient pas pour des dieux et se méfiaient de toute démesure pouvant conduire à l’hubris, la démesure. Nous sommes ici dans le registre du pneumatique, de la fécondation par l’Esprit, dimension très ancienne du Sublime, que l’on retrouvera dans l’Évangile de Luc,

Le souffle divin sort par une brèche de la terre. Voilà une belle façon d’évoquer la faille par où jaillit l’énergie créatrice. Faille dans la symbolique féminine (la terre), faille préexistante à l’enfantement par le souffle divin. Si la terre, le corps féminin, le sujet femme n’était pas clivé, pourrait-il engendrer ?

la question demeure de savoir comment les hommes ont réussi si longtemps à faire croire aux femmes qu’elles n’étaient pas créatrices sous prétexte qu’elles mettaient les enfants au monde.

Après l’égalité, l’affirmation de l’individualité féminine dans la Cité, et de la constitution d’un nouveau principe d’autorité féminine

Nous avons besoin d’être également reconnues par les femmes pour nous développer, c’est-à-dire nous inscrire dans une filiation symbolique féminine. En effet, si nous maintenons la seule référence à la filiation paternelle, nous restons prisonnières de la lutte pour la reconnaissance où l’un est l’autre, c’est-à-dire où il n’y a qu’un seul référent, le masculin.

En réintroduisant la filiation féminine dans la genèse de la pratique artistique, on sort de la vision traditionnelle de la fabrication de l’œuvre d’art selon laquelle le féminin est le réceptacle du génie masculin, du sperme, de la force procréatrice du Père, selon une association étymologique entre gignere, procréer et génie. Cette association donnant lieu aux mots genèse, genesis, génération, qui montrent leur indéniable correspondance reposant sur la filiation spermatique, fondement du patriarcat.

Il s’agit de connaître ses dons et de les éprouver dans un « je peux » qui prend corps dans la Cité

Ce qui explique pourquoi le doute sur la capacité créatrice des femmes a survécu à tous les bouleversements politiques, économiques et sociaux, donnant ce caractère tragique et interminable à la lutte que mènent les femmes pour leur reconnaissance

Aujourd’hui, l’indignation est telle, qu’elle fonctionne comme une protection vis-à-vis d’autres femmes qui pourraient subir le même sort

Il n’en reste pas moins qu’un public féminin s’est constitué, capable d’imposer ses goûts et de jouer son rôle dans la dynamique de reconnaissance des artistes.

Penser de nouveaux mécanismes de reconnaissance symbolique qui ne soient pas dictés pas la marchandisation générale des échanges (la mondialisation), ni sur la reconnaissance conflictuelle issue de la dialectique du maître et de l’esclave sur laquelle le féminisme contemporain a largement fondé ses analyses de la domination hommes-femmes. Ils impliquent un rapport mutuel de réciprocité qui permette de sortir de l’unilatéralité du rapport institutionnel où l’artiste est placé(e) en demande de reconnaissance.

Hommage à une grande famille de résistants de Norolles (14), la famille Galan-Fossey-Fleisch-Catherine

membre du réseau de résistance franco-polonais F2

Un rapport rédigé à la Libération sur le secteur Normandie du réseau F2 est signé de cette phrase énigmatique : « le chef responsable pour la liquidation définitive du secteur est Catherine Marcel (TEC) n°3060 à Norolles. »

Qui a entendu parler d’un réseau de résistance situé à Norolles ? Et qui connaît Marcel Catherine, époux d’Irène Fossey, elle aussi résistante, dont la sœur Suzanne habitait une ferme à Norolles avec son 2e mari Jules Fleisch ?

Aujourd’hui nous allons rendre hommage à une famille qui a joué un grand rôle dans la résistance à travers sa participation au réseau de résistance franco-polonais F2 de dimension nationale. Dix membres de la famille ont été impliqués dans la résistance.

Tout commence avec Suzanne Fossey, née à Esquay Notre-Dame en 1886. Elle est l’épicentre de la famille. Elle a épousé en première noce Maurice Galan avec qui elle a eu deux enfants, Georges et Odette Galan, nés respectivement en 1906 à Paris et en 1907 à Grainville-sur Odon, au sud de Caen, chez les parents de Suzanne. Elle habite alors Paris et vient s’installer à Norolles dans les années trente avec son second mari, Jules Fleisch, qu’elle a épousé en 1927.

Ce sont les deux enfants de Suzanne et Maurice Galan qui vont entraîner toute la famille dans le réseau de renseignements militaires F2 en y recrutant cinq autres membres de la famille.

Reprenons la chronologie.

Georges Galan, le fils aîné de Suzanne, entre au réseau en mars 1941, à Marseille précisément où il est arrivé après s’être évadé du camp de Bataville. Le sud de la France est alors zone non occupée et c’est dans les grands ports méditerranéens que le réseau F2 va être implanté par des officiers polonais vivant en exil depuis l’invasion allemande de leur patrie. Il s’agit de recueillir des renseignements maritimes pour les Alliés, et notamment les Britanniques qui continuent le combat contre l’armée hitlérienne. Mouvements des bateaux indispensables pour le contrôle de la Méditerranée. En août 1942, Georges Galan, dit Edwinia, est chargé de réorganiser le réseau Famille décapité à Paris par le contre espionnage allemand. Il est envoyé en Normandie par son chef Gilbert Foury (Edwin). Il vient à Norolles, chez sa mère, et contacte sa famille du Calvados pour créer un sous-réseau en Normandie et en Bretagne qui s’appellera secteur TEC.

Sa tante maternelle, Irène Fossey, la sœur de Suzanne, a épousé Marcel Catherine qui est assistant de radiologie à l’hôpital de Caen. Il connaît des agents de la SNCF susceptibles d’être recrutés. Marcel Catherine entre dans le réseau en juin 1942 comme chargé de mission 1ere classe. Irène son épouse est recrutée comme adjointe au chef du sous-secteur Normandie Tec avec le pseudo Canne. Elle chargée de mission 2e classe (homologuée lieutenant). Ils vont diriger le secteur TEC qui coiffe tout l’ouest de la France, y compris Cherbourg où 2 agents fournissent des renseignements essentiels sur les mouvements du port de Cherbourg et de l’Arsenal. Dans la foulée, leur fille Marcelle, née en 1922, est également recrutée en juin 1943 sous le pseudonyme de Mic. C’est elle qui assure le courrier Caen-Paris, les liaisons Caen-Saint-Lô, Caen-Lisieux, Caen-Argentant et Alençon.  Elle assure aussi le secrétariat du réseau. « En juin 1944, écrit Marcel Catherine dans son rapport final, le secteur Tec comprend 8 secteurs avec 8 chefs de secteur, 100 informateurs, un courrier Caen-Paris chaque semaine, une dactylo pour le rapport qui arrive au Central de Paris prêt à être expédié. » Ces rapports sont ensuite envoyés par radio à Londres où par la Suisse ou l’Espagne. Chaque source de renseignement est précédée d’un numéro attribué aux agents qui permet de les identifier.

A Norolles, Georges Galan recrute également son beau-père, Jules Fleisch qui entre au réseau en janvier 1943 sous le pseudonyme de Juna comme agent P2 chargé de mission 3e classe. Jules est un antiquaire, né à Paris en 1874, naturalisé français en 1930. Il est issu d’une famille juive allemande de nationalité anglaise. Il fait sienne les valeurs défendu par son pays d’adoption. Polyglotte, il parle couramment allemand ; Vieil homme âgé de près de 70 ans, il suscite peu de méfiance de la part des Allemands. On mesure l’intérêt d’un tel recrutement qui permet d’espionner les activités de l’armée ennemie, en particulier les sites de lancement de fusées V1 installés à Norolles, La Croupte, le bois de Roques, ces armes étant de terribles engins de destruction massive visant l’Angleterre.

Odette Galan, la belle-fille de Jules Fleisch et fille de Suzanne, est partie vivre à Nice après un second mariage en 1940 à Paris avec Paul Béraud. A Nice, elle fabrique des produits de beauté tout en s’engageant avec son mari dès mars 1942 dans le réseau F2 sous le pseudonyme de Reb, comme agent P2 chargée de mission 3e classe. Car à Nice, il y a un sous-réseau méditerranée dirigé par Léon Sliwinski (pseudo Jean Bol ; il est né à Moscou en 1913), puis par un couple extraordinaire Jacques Trolley de Prévaux et Charlotte (Lokta Leitner née à New York en 1907) qui prend la tête du secteur Anne en 1943 tandis que Paul Béraud dirige le secteur Nice jusqu’à son arrestation le 14 avril 1944 sur dénonciation. Odette est également arrêtée avec sa fille Arlette qu’elle a eue de son premier mariage avec Jacques Caperony. Arlette a seize ans et demi. Elle est libérée au bout de deux mois et sera recueillie par les voisins jusqu’à la libération de sa mère. En revanche Paul Béraud est fusillé à Châtillon d’Azergues le 19 juillet 1944 avec 51 autres détenus.

Arrêtée comme « complice de son mari et agent de l’ennemi », Odette est emprisonnée à Nice, puis à Marseille jusqu’au 19 mai, avant d’être conduite au camp de Romainville, antichambre de la déportation. Elle fait partie du convoi du 6 juin 1944 pour Ravensbrück où elle reste un mois avant d’être conduite à Leipzig, puis à Schlieben où elle travaille dans une cartoucherie 12h par jour, 6 jours sur 7.  Son commando est libéré par les Américains le 20 avril 1945.

Odette et sa fille Arlette ne sont pas les seules femmes de cette famille à avoir payé un lourd  tribut à la résistance. Soupçonnée de complicité avec un mari dont elle est séparée depuis 1939, Xénia Toutchapsky, épouse de Georges Galan, est arrêtée à Paris le 13 juillet 1944 par la Gestapo de la rue des Saussaies. C’est tout le secteur parisien du réseau F2 qui est décimé début juillet, en tout 26 agents, dont Jean Desbordes, chef du secteur Normandie dit Métro sous le pseudonyme de Duroc.

Xénia Toutchapsky est née à Petrograd en Russie en 1915. Ses parents ont émigré en France ; sa mère se suicide en 1931, son père est porté disparu. En 1932,  âgée de 16 ans,  elle épouse un voisin, Georges Galan qui habite chez sa mère 110 avenue Victor Hugo, à Paris. Ils auront trois enfants dont Émilienne leur fille unique qui meurt en 1946 à l’âge de 3 ans d’un grave accident domestique. Xénia ne voit pratiquement pas son mari sous l’occupation dont la boite aux lettres est localisée chez les frères Schreyer, des Suisses, habitant avenue Victor Hugo. Xénia est arrêtée « à la place de son mari », écrira Bernard Chaudé (pseudo Grégoire) à la Libération ; elle ne fait pas partie du réseau ; ce qui ne l’empêche pas d’être conduite rue des Saussaies, puis internée à Fresnes avant d’être déportée par le train du 15 août à Tab, Ravensbrück et Torgau d’où elle est libérée en 1945.

Ce que la Gestapo ne savait pas en juillet 1944, c’est que Georges Galan, son mari, avait quitté Paris en novembre 1943 sur ordre de ses chefs. Les Allemands le recherchaient déjà. Il part en Suisse où il est interné à Genève jusqu’en avril 1944. Il se rend alors clandestinement à Paris, se cache chez Wanda Carliez et reprend contact avec son oncle, Marcel Catherine pour l’informer des arrestations qui ont eu lieu dans la famille. Dans son rapport sur l’activité du secteur TEC, Marcel Catherine écrit : « En avril 44, 3 arrestations dans ma famille qui nous ont obligés à nous cacher. Nous avons continué malgré tout à assurer le service jusqu’au 2 juin date du dernier courrier. Après le débarquement, sans aucun moyen de transport, nous sommes venus à Paris en bicyclette, apportant des renseignements très importants sur les mouvements de troupes de la région de Caen et Lisieux et sur les effectifs de la région. Nous avons appris l’arrestation de Duroc et de plusieurs agents du service. Nous sommes repartis sans pouvoir communiquer ces renseignements. Coupés du service. Attends l’arrivée des alliés, revient à Paris, difficultés à retrouver le service. »

Marcel Catherine est donc au courant des arrestations de sa nièce et de son mari. La 3e personne arrêtée en avril est probablement Arlette. Mais la famille va être à nouveau frappée le 23 juin 1944, avec l’arrestation à Norolles de Jules Fleisch. Il est arrêté à 20h, chez lui en présence de Jules Le Boiteux, parce qu’il « Est aimable avec les Allemands pour obtenir des renseignements sur les mouvements des troupes et les communiquer à l’ennemi », est-il noté dans son dossier du SHD de Caen. La Wehrmacht est stationnée au château de Combray, tout à côté, et il a probablement été dénoncé. Jules est emmené au Château puis à la Feldgendarmerie de Lisieux et on retrouve sa trace le 28 juin à la prison d’Evreux. Et après, plus rien. On ne sait pas s’il a été envoyé au camp de Compiègne et mis dans un train pour la déportation à Dachau car on ne retrouve son nom sur aucune liste. Il a été déclaré Mort pour la France le 20 juin 1944 et son nom est inscrit dans l’église de Norolles et sur le monument aux morts du village.

En mai 1945, George Galan écrit dans son dossier de résistant : « Mon beau frère, mon beau père fusillés, ma femme et ma sœur déportées ».

Mais ce n’est pas tout. La sœur de Jules Fleisch, Alice, veuve Spire, a aussi été arrêtée le 27 juillet 1944 à Paris XVIIe. Déportée de Drancy par le convoi 77 du 31 juillet 1944, elle est décédée cinq jours plus tard à Auschwitz.

Et enfin, Jacques Caperony, gendre de Suzanne et premier mari d’Odette Galan, s’engage dans les Forces Françaises Libres en juillet 1940, à Londres. Il fera la campagne d’Italie et sera décoré de la Légion d’Honneur en 1948 au titre de direction régionale au matériel de la 3e région, c’est-à-dire la Normandie. Notons qu’il vit à Norolles dès 1936 avec Suzanne et Jules Fleisch.

Pour résumer le prix payé par toute cette famille à la libération de la France,

7 ont été homologués Forces Françaises Combattantes (FFC)

10 membres ont participé de près ou de loin à la Résistance.

1 s’est engagé dans les Forces Françaises libres à Londres

4 dont 3 femmes ont été déportés

Une sœur de résistant est morte en camp d’extermination

1 résistant est déclaré disparu en déportation

1 autre a été fusillé

2 sont « morts pour la France »

Le plus étonnant, c’est le silence qui a recouvert l’héroïsme de ces femmes et de ces hommes venus de Normandie et de l’étranger (la Pologne, l’Angleterre, l’Allemagne,  Russie),  c’est l’oubli qui a emporté cette famille, humble combattante de l’ombre dont la lutte a permis d’aider à libérer la France d’une idéologie immonde : la barbarie nazie. Son engagement dans la résistance n’a pratiquement pas été transmis. Les déportations de Xénia et Odette Galan, de Jules et Alice Fleisch, ont elles provoqué une volonté  de   protéger leurs proches en n’évoquant pas l’horreur des violences subies ? Le déménagement en Algérie pour Georges et Jeanne (sa 2e femme), et l’Afrique noire pour Odette et Arlette les a-t-il éloigné de ce passé à la fois si prestigieux et si douloureux ?

Soyons reconnaissants à cette famille de Norolles qui a participé à la résistance dans le plus grand secret, au point que la plupart d’entre eux n’ont guère été récompensé par la Nation. Il est temps aujourd’hui de leur rendre justice et de contribuer à une meilleure connaissance de leur action héroïque.

Georges Galan, Sous lieutenant – DGER- Croix de guerre à l’ordre du Corps d’armée FFC avec étoile Vermeil

Marcel Catherine, Croix de guerre  citation à l’ordre de l’armée (DGER), Croix de vaillance polonaise. Affecté au R6 Rouen janvier-mars 1945, Service d’accueil des prisonniers rapatriés

Irène Fossey épouse Catherine Adjointe au chef du sous secteur Normandie. Chef Edwin. Croix de guerre, citation à l’ordre du régiment avec étoile de bronze (10 avril 1945)

Marcelle Catherine, Croix de guerre avec étoile de bronze

Odette Galan-Béraud, Légion d’Honneur

Paul Béraud, « Mort pour la France »

Jacques Caperony, Chevalier de la Légion d’Honneur (1948)

Xénia Toutchapsky, Légion d’Honneur

Jules Fleisch, « mort pour la France »

Alice Fleisch

Arlette Caperony

Et bien sûr Suzanne Fossey- épouse Galan et Fleisch

Articles de Marie-Jo Bonnet

Féminismes:

« Les milices wokes ont-elles tué le débat ? » La Décroissance, 1er novembre 2023-n°204.

On m’a cancellée pour avoir refusé de faire de Violette Morris un héroïne transexuelle”, Marianne, 21-09-2023.

Barbie, sous couvert de critique du patriarcat, une véritable entreprise de décervellage féminin”, Marianne, 27-07-2023.

Les intellectuelles et la vie”, in Daniel Salvatore Schiffer, Repenser le rôle des intellectuels, Ed. De L’Aube, 2023.

« Le Torchon brûle », Féminismes En Revue, https://femenrev.persee.fr/temoignage-marie-jo-bonnet

Ingrates, nos filles néoféministes nous interdisent-elles de parler après la ménopause?”, propos recueillis par Etienne Campion, Marianne, 4-10-2022.

Ce que provoque la peur d’être traité de “transphobe”, Le Figaro, 26 mai 2021.

Nicole Athea et Marie-Jo Bonnet, “Devenir parents sans GPA”, in Dir. Martine Ségalen et Nicole Athea, Les marchés de la maternité, Odile Jacob, 2021. ISBN 978-2-4150-0033-2

« La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes », traduction italienne Dir. Silvia Guerini, PMA Procreazione Medicalmente Assistita, Dalla riproduzione artificiale animale alla riproduzione artificiale unmana, Transumanesimo e produzione del vivente, Ed. Novalogos, 2020.

« Pour un renouveau éthique » In Anthologie de textes féministes sur   la procréation médicalement assistée et la GPA pour Mimesis, 2019 (Laura Corradi, Silvia Nicolaï) (texte « long »)- « La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes » de septembre 2019, Silvia Guerini, Per un rinnovamento etico, Traduzione a cura di Silvia Niccolai, 2018.

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 “Quali alternative etiche alla riproduzione assistita?”, Meccanici I miei occhi nati un laboratorio, ortica editrice, 2019.

Le MLF, une structure ouverte”, Nouvelle Revue Littéraire, octobre 2018.

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HISTOIRE (féminisme-Homosexualité-Résistance-Déportation)

“Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer!”. La mort de Jean Desbordes, alias Duroc, Préface à la réédition de Jean Desbordes, Les Forcenés, Interstices Editions, 2022.

« L’amitié féminine à Birkenau : de la survie à la « sororité » citoyenne trans-familiale », Université d’été d’ARES – « Echange des cultures et Génocides » Du 11 au 13 juillet 2018. http://www.memoire-sexualites.org/marie-jo-bonnet-lamitie-feminine-a-birkenau-de-la-survie-a-la-sororite-citoyenne-trans-familiale/

Ruth “mère-porteuse” de sa belle-mère Noémi”, L’Etonnante histoire des Belles-mères, sous la direction de Yannick Ripa, Belin, 2015.

« Ce ne sont plus des seins ce sont des martyrs ! » Approche de la sexualité concentrationnaire, Colloque “Le corps à l’épreuve de la déportation”, Dir. Cathy Leblanc, Université catholique de Lille, 12-14 mars 2014, Geai bleu éditions, 2016. ISBN: 978 2 914 670 814

Robert Catalan, Le mystérieux “Robert de l’Eure”, Patrimoine Normand, n°89, avril, mai juin 2014, pp. 66-69.

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« Robert Générat (1910-1978), résistant et agent de renseignement militaire à Deauville », La Dépêche, n° 47, novembre 2011.

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« Harvey Milk – San Francisco – Paris : Histoires parallèles », Lesbia mag n° 291, juin 2009.

« Déportation des lesbiennes… entre stigmatisation et tabou», Lesbia magazine, novembre 2005 et revue Treize, n° 63 printemps 2006, Montréal.

Lettre de Françoise Basch aux 3 auteures de « Ne nous libérez pas, on s’en charge »

Paris, 1er octobre 2020 – A l’intention des trois auteures de Ne nous libérez pas, on s’en charge

Bonjour !

Je me permets par cette lettre de vous féliciter pour votre publication récente.On appréciera dans ce travail d’équipe l’érudition, l’étendue du champ d’études, l’impressionnante documentation ainsi que les développements sur « Les voix des féministes de couleur », rarement disponibles dans ce genre d’ouvrage. Et bravo pour la présentation agréable, notamment l’insertion des références dans la page.

En revanche les lectrices attachées à la notion de culture féministe déploreront de notables omissions. Pour ma part je me bornerai à dénoncer le silence des autrices sur la personne de Marie Jo Bonnet, qui ne figure pas dans cet ouvrage érudit, hormis deux notes dans le corps du texte. On la chercherait en vain dans l’index et dans la bibliographie. C’est une  omission à la fois injuste et injustifiée. M. J.  Bonnet milite activement depuis son engagement dans le Mouvement en 1971. Elle n’a cessé de prendre part aux actions du MLF, notamment par des initiatives telles que « Le café des femmes à la Coupole » qu’elle a animée de 2014 à 2017. Elle a été partie prenantes d’étapes essentielles, les Gouines rouges, Musidora, le GEF.

Enfin je me demande comment il est possible d’éliminer d’un vaste projet sur l’Histoire des féminismes en France l’auteure d’environ dix-huit ouvrages sur les femmes.  Je ne citerai que les plus intéressants : Les femmes dans l’art  2004, Editions de La Martinière.  Les femmes artistes dans les avant-gardes 2006, Odile Jacob. Les relations amoureuses entre les femmes 1981, réédité en 1995 Odile Jacob.  Adieu les rebelles 2014, Flammarion. Mon MLF , 2018, Albin Michel.

Je doute que vos lecteurs et lectrices se contentent de l’indication « bibliographie non exhaustive » pour expliquer votre silence. Quelques soient les réserves  qu’on peut émettre sur ses travaux il n’est pas acceptable d’occulter l’œuvre et l’action de M.J Bonnet dans le paysage culturel du féminisme français

Bien cordialement

Françoise Basch

Anne-Marie Grélois / Fauret

Anne-Marie Grélois ( à droite) et Marise manifestant en 1971 (photo Elie Kagan)

Manuscrit inédit d’Anne-Marie Grélois (archives Marie-Jo Bonnet):

Le FHAR, théories et tendances

L’apparition et le développement du FHAR furent si rapides que nul ne se soucia d’analyser les raisons pour lesquelles son mode d’action principal fut le sabotage. Nous gambadions comme des enfants qui, en guise de ballons, auraient joyeusement brandi des bombes à hydrogène. En effet, de par notre lutte contre la famille et contre une sexualité biologisée, nous étions le désordre, l    la catastrophe, l’événement explosif caractéristique d’une métamorphose par et dans la désintégration. 

Notre premier slogan, déjà, mettait en lumière ce trait fondamental : NOUS SOMMES UN FLÉAU SOCIAL !

Ainsi la force du FHAR devait essentiellement résider dans sa capacité de refus. Nous n’étions jamais aussi déterminés que lorsque nous décidions d’aller perturber manifestations et discours de ceux dont la parole rencontre l’approbation d’un groupe social, quel qu’il soit, médecins, prêtres, hommes politiques, tout nous était bon.

Il n’est donc pas surprenant que nous nous soyons retrouvés assez nombreux salle Pleyel où Ménie Grégoire avait organisé une émission sur l’homosexualité, transmise en direct sur Europe n°I. Ce dernier point surtout nous intéressait car nous étions décidés à passer sur les ondes; Filles et garçons s’étaient d’abord sagement installés aux premiers rangs de la salle où abondaient retraités des deux sexes et bourgeoises désœuvrées dans la mesure où l’émission, style Aujourd’hui Madame, avait lieu dans l’après-midi…. »

La prison de Pont-L’Evêque sous l’occupation 1940-1944

Conférence à Pont-L’Eve^que le 3 mai 2022.

L’histoire de la prison de Pont-L’Evêque sous l’Occupation est restée aussi taboue que celle des internements de prisonniers pendant la bataille de Normandie. Pourtant, je savais par la mémoire familiale (famille Letac) que le docteur Grandrie y avait été interné après son arrestation par la police allemande le 9 décembre 1941. J’avais également découvert aux archives du Service Historique de la Défense (SHD) de Caen, la liste manuscrite des « Détenus par l’autorité allemande ». Mais personne ne voulait en entendre parler.

Mais la vérité fait son chemin.

Toni Mazzotti, petit fils d’un pontépiscopien qui avait caché des aviateurs alliés en 1943, a commencé des recherches et découvert qu’un grand nombre d’entre eux avaient été arrêtés lors du Débarquement et internés dans l’école de garçons. Certains ont été tués d’autres transférés en Allemagne. Toni Mazzotti est à l’initiative de deux plaques commémoratives. Une installée en 2018 à l’école de garçons en souvenir des soldats alliés emprisonnés rue Thouret (Ouest-France 24-8-2018) et une autre derrière le cinéma en 2019, avec la liste des 38 soldats morts pendant la bataille de Pont-L’Evêque. Il racontera ses recherches pour identifier les prisonniers de l’école.

D’autres enfants de Pont-L’Evêque ont voulu savoir. Des enfants porteurs de mémoire, comme Raymonde Virroy dont le père avait aussi secouru des parachutistes anglais le 6 juin 1944 (Ouest-France du 2-6-2021). La « Joyeuse prison » de Pont-L’Evêque ne peut plus occulter ce qui s’est passé avant.

Les recherches font apparaître l’importance de Pont-L’Evêque dans la politique allemande d’internement puisqu’on y dénombre près de 1.200 prisonniers. Près de 150 résistants à la prison sous l’Occupation et 1.000 résistants et aviateurs à l’école de garçons à partir du 6 juin 1944.

La liste des détenus par les Autorités Allemandes à la prison est datée à la fin du 20 août 1944, juste avant l’arrivée de l’armée alliée, de l’incendie de la ville et des combats pour la Libération. La liste a donc survécu à l’incendie et l’on peut supposer qu’il en est de même des archives.

Charlotte Calmis, « Je suis la dernière dame de mon jeu »- poème

Poème dit par l’auteur sur un montage de Marie-Jo Bonnet avec ses collages réalisés dans les années 1970.

https://www.facebook.com/watch/Interstices-%C3%89ditions-106288347380561/

Le collages, La femme dans la Cité (1976) est actuellement exposé à la galerie Arnaud Lefebvre, rue des Beaux-arts à Paris dans le cadre de l‘Hommage à Aline Dallier, grande pionnière de la critique et de l’histoire de l’art des femmes.

Les Deux Amies –

Les Deux Amies par Tamara de Lempicka, 1923.

Cette oeuvre aux dimensions imposantes (1m30 sur 1m60) représente uns scène d’amour et d’orgasme dans une ville « cubiste » qui marque un tournant dans l’histoire de la représentation du couple de femmes.

Pour la première fois, en effet, le couple est montré dans la cité, intégré au monde civilisé moderne et non plus dans l’alcôve, le harem ou le monde sauvage et mythologique de la forêt. Derrière les deux femmes se dressent des immeubles modernes traités de manière cubiste qui contrastent curieusement avec la paix charnelle qui émane des deux femmes aux corps puissamment architecturés. En fait, tout le tableau est construit sur le contraste entre la cité cubiste aux angles aigus et aux lignes brisées, et les corps des femmes traités en courbes et en volumes. Contraste, ou plutôt mise en perspective, si l’on se réfère au  titre de Perspective sous lequel le tableau fut exposé. La cité est-elle brisée parce qu’elle refuse toujours de reconnaître l’amour entre femmes ? Une cité à l’univers d’autant plus chaotique que s’impose à nous, avec une majesté presque impudique, l’orgasme pacifiant des amantes .

(Extrait de Les Deux Amies, essai sur le couple de femmes dans l’art, Editions Blanche, 2000, p. 199.)

L’Art et le Féminisme en France dans les années 1970

Hommage à Aline Dallier-Popper (1927-2020)

Rencontre à la Galerie Arnaud Lefèbvre, rue des Beaux Arts à Paris, le 9 mars 2022, dans le cadre de l’Hommage à Aline Dallier (1927-2020), pionnière de la critique artistique féministe et historienne de l’art des femmes. Commissaire de l’exposition, Diana Quinby.

Interventions des artistes et historiennes d’art: Christine de Buzon pour le groupe Femmes/arts et Françoise Eliet, Cristina Martinez, Mathilde Ferrer, Thérèse Ampe-Jonas, Eugénie Dubreuil, Françoise Py, Anouk Chambart, ean-Clarence Lambert, Claude Bauret-Allard, Danièle Blanchelande, Liliane Camier, Dorothée Selz, Vincent Enjalbert.

Un catalogue est édité. Avec les exposantes : Thérèse Ampe-Jonas, Claude Bauret Allard, Danièle Blanchelande, Bernadette Bour, Charlotte Calmis, Liliane Camier, Christiane de Casteras, Colette Deblé, Françoise Eliet, Esther Ferrer, Monique Frydman, Aline Gagnaire, Hessie, Sara Holt, Françoise Janicot, Monique Kissel, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki, Marie-Rose Lortet, Léa Lublin, Milvia Maglione, Cristina Martinez, Vera Molnar, ORLAN, Aline Ribière, Dorothée Selz, Nancy Wilson-Pajic, Nil Yalter.

et les témoignages de personnes qui ont connu Aline Dallier-Popper :(Dominique Berthet, Marie-Jo Bonnet, Christine de Buzon, Daniel Danétis, Fabienne Dumont, Mathilde Ferrer, Jean-Clarence Lambert, Gilbert Lascault, Gloria Orenstein, Françoise Py, ainsi que de plus jeunes chercheurs-euses pour qui les écrits d’Aline Dallier ont été importants (Zélia Bajaj, Anouk Chambard, Vincent Enjalbert, Franny Tachon). Le catalogue intègre également la version intégrale d’une interview d’Aline Dallier, réalisée en 2009 par Diana Quinby. Dans un entretien récent, l’artiste Tania Mouraud raconte sa longue relation amicale avec Aline Dallier, qui remonte au début de leurs carrières respectives.

Jean Desbordes- Les Forcenés

Jean Desbordes
Les Forcenés. Préface Marie-Jo Bonnet

Préface de Marie-Jo Bonnet :

« Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer ! » La mort de Jean Desbordes, alias Duroc

« Même le soleil a des taches. Votre cœur n’en a pas. Chaque jour vous me donnez ce spectacle : votre surprise d’apprendre que le mal existe. » Cocteau, Dédicace d’Opium à Jean Desbordes, 1930.

En février 1927, Jean Desbordes entre à l’hôtel de la Madeleine pour « prendre possession » de la chambre n°6 dans laquelle il va bientôt retrouver Cocteau pour une première nuit d’amour. Le fantôme de Radiguet est encore là et dans la lettre qu’il lui adresse, Desbordes commence par le rassurer en disant : « Je suis entré dans cette chambre davantage en pèlerin qu’en amant ». Il connaît la force du lien qui a unit Cocteau au disparu. Mais lui, Desbordes, est vivant. « J’ai voulu avant tout, en entrant, t’écrire et dire mon émotion avant mon amour », poursuit-il, avant de conclure sur cette note pleine d’espoir dans l’avenir : « La vie commence. Elle ne paraît que beauté, clarté, silence. Que le lit sera doux avec toi. Je t’attends et tu es dans mon cœur[1]. »

Desbordes a tout juste vingt ans. Né le 3 mai 1906 à Rupt en-Moselle dans une famille protestante, il a été élevé par sa mère et ses sœurs après la disparition de son père Eugène en 1920 des suites de la guerre de 1914. Il se cherche. Il a fait son service militaire tout à côté de la Madeleine, au Ministère de la Marine avenue Royale, où il occupait la fonction de matelot télégraphiste. Il a écrit à Cocteau pour lui parler de ses textes. Ce dernier lui répond le 6 juillet 1925, le lendemain de son anniversaire, date qui va devenir fatidique dans la vie de Desbordes, comme la Madeleine dont le nom ponctue mystérieusement  sa destinée.

Pour l’instant, « le marin » est un beau jeune homme, à la tête d’ange, comme en témoignent ses photos ou plus tard, celles de Jean Cocteau pour son film Le sang d’un poète. « Jean-Jean », le petit nom de Desbordes, est habillé en marquis Louis XV. Cocteau a pris fait et cause pour celui qui s’était présenté à lui comme un jeune écrivain. Le jeune homme souhaite s’élancer dans une carrière littéraire, encouragé par Cocteau qui lui a écrit « Dieu me donne une tache : Ton œuvre ». Il va partager la vie de Cocteau pendant sept ans et accepter toutes ses frasques. Yvon Belaval raconte qu’ils « se déguisaient en marins, couraient les bals populaires, stupéfiant les patrons des établissements par des pourboires excessifs[2]. » Années fécondes pour Desbordes qui démarre sa carrière en fanfare avec la publication en juin 1928 de son essai J’adore, aux éditions Grasset. Suivront Les Tragédiens, en 1931 toujours chez Grasset, et une pièce de théâtre La mue en 1935…… (suite dans Les Forcenés)


[1] Lettre inédite de Jean Desbordes à Jean Cocteau, datée de 1927, dactylographiée et signée au crayon. Archives Étienne Grannet-Desbordes que je remercie chaleureusement pour m’avoir si généreusement donné accès à la correspondance de son oncle Jean avec Cocteau et sa famille. Une édition de cette correcpondance inédite est en préparation.

[2] Yvon Belaval, « La rencontre avec Jean Cocteau », Cahiers Jean Cocteau, 3, NRF Gallimard, 1972, p. 75.

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