La reconnaissance des femmes artistes

La notion de « génie » va permettre de redistribuer les cartes en faveur des hommes

À partir de la Révolution, le génie devient un fait de la nature, une composante de la virilité qui s’incarne dans une institution de l’État,

Pourquoi est-ce que l’homme-muse n’existe pas ? À cause de la domination symbolique masculine. Du fait qu’il gouverne la société, le masculin n’est pas un manque. Il est plutôt en excès, omnipotent et omniprésent. Le dieu créateur se laïcise tandis que les femmes sont empêchées de développer un féminin actif, différent et pluriel. L’homme reste le maître à l’ombre duquel les femmes s’expriment. Il est celui qui montre le chemin et prophétise l’avenir. Les femmes ne peuvent donc pas sortir de la problématique de l’imitation des modèles à l’intérieur de laquelle elles ont le droit de s’exprimer.

Le sublime. C’est ce souffle qui féconde la prophétesse, lui permettant de parler sous l’inspiration divine, c’est-à-dire à partir d’une autre source que le moi. À cette époque, les humains ne se prenaient pas pour des dieux et se méfiaient de toute démesure pouvant conduire à l’hubris, la démesure. Nous sommes ici dans le registre du pneumatique, de la fécondation par l’Esprit, dimension très ancienne du Sublime, que l’on retrouvera dans l’Évangile de Luc,

Le souffle divin sort par une brèche de la terre. Voilà une belle façon d’évoquer la faille par où jaillit l’énergie créatrice. Faille dans la symbolique féminine (la terre), faille préexistante à l’enfantement par le souffle divin. Si la terre, le corps féminin, le sujet femme n’était pas clivé, pourrait-il engendrer ?

la question demeure de savoir comment les hommes ont réussi si longtemps à faire croire aux femmes qu’elles n’étaient pas créatrices sous prétexte qu’elles mettaient les enfants au monde.

Après l’égalité, l’affirmation de l’individualité féminine dans la Cité, et de la constitution d’un nouveau principe d’autorité féminine

Nous avons besoin d’être également reconnues par les femmes pour nous développer, c’est-à-dire nous inscrire dans une filiation symbolique féminine. En effet, si nous maintenons la seule référence à la filiation paternelle, nous restons prisonnières de la lutte pour la reconnaissance où l’un est l’autre, c’est-à-dire où il n’y a qu’un seul référent, le masculin.

En réintroduisant la filiation féminine dans la genèse de la pratique artistique, on sort de la vision traditionnelle de la fabrication de l’œuvre d’art selon laquelle le féminin est le réceptacle du génie masculin, du sperme, de la force procréatrice du Père, selon une association étymologique entre gignere, procréer et génie. Cette association donnant lieu aux mots genèse, genesis, génération, qui montrent leur indéniable correspondance reposant sur la filiation spermatique, fondement du patriarcat.

Il s’agit de connaître ses dons et de les éprouver dans un « je peux » qui prend corps dans la Cité

Ce qui explique pourquoi le doute sur la capacité créatrice des femmes a survécu à tous les bouleversements politiques, économiques et sociaux, donnant ce caractère tragique et interminable à la lutte que mènent les femmes pour leur reconnaissance

Aujourd’hui, l’indignation est telle, qu’elle fonctionne comme une protection vis-à-vis d’autres femmes qui pourraient subir le même sort

Il n’en reste pas moins qu’un public féminin s’est constitué, capable d’imposer ses goûts et de jouer son rôle dans la dynamique de reconnaissance des artistes.

Penser de nouveaux mécanismes de reconnaissance symbolique qui ne soient pas dictés pas la marchandisation générale des échanges (la mondialisation), ni sur la reconnaissance conflictuelle issue de la dialectique du maître et de l’esclave sur laquelle le féminisme contemporain a largement fondé ses analyses de la domination hommes-femmes. Ils impliquent un rapport mutuel de réciprocité qui permette de sortir de l’unilatéralité du rapport institutionnel où l’artiste est placé(e) en demande de reconnaissance.

Articles de Marie-Jo Bonnet

Féminismes:

« Les milices wokes ont-elles tué le débat ? » La Décroissance, 1er novembre 2023-n°204.

On m’a cancellée pour avoir refusé de faire de Violette Morris un héroïne transexuelle”, Marianne, 21-09-2023.

Barbie, sous couvert de critique du patriarcat, une véritable entreprise de décervellage féminin”, Marianne, 27-07-2023.

Les intellectuelles et la vie”, in Daniel Salvatore Schiffer, Repenser le rôle des intellectuels, Ed. De L’Aube, 2023.

« Le Torchon brûle », Féminismes En Revue, https://femenrev.persee.fr/temoignage-marie-jo-bonnet

Ingrates, nos filles néoféministes nous interdisent-elles de parler après la ménopause?”, propos recueillis par Etienne Campion, Marianne, 4-10-2022.

Ce que provoque la peur d’être traité de “transphobe”, Le Figaro, 26 mai 2021.

Nicole Athea et Marie-Jo Bonnet, “Devenir parents sans GPA”, in Dir. Martine Ségalen et Nicole Athea, Les marchés de la maternité, Odile Jacob, 2021. ISBN 978-2-4150-0033-2

« La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes », traduction italienne Dir. Silvia Guerini, PMA Procreazione Medicalmente Assistita, Dalla riproduzione artificiale animale alla riproduzione artificiale unmana, Transumanesimo e produzione del vivente, Ed. Novalogos, 2020.

« Pour un renouveau éthique » In Anthologie de textes féministes sur   la procréation médicalement assistée et la GPA pour Mimesis, 2019 (Laura Corradi, Silvia Nicolaï) (texte « long »)- « La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes » de septembre 2019, Silvia Guerini, Per un rinnovamento etico, Traduzione a cura di Silvia Niccolai, 2018.

Per un rinnovamento etico, Traduzione a cura di Silvia Niccolai, 2018,

 “Quali alternative etiche alla riproduzione assistita?”, Meccanici I miei occhi nati un laboratorio, ortica editrice, 2019.

Le MLF, une structure ouverte”, Nouvelle Revue Littéraire, octobre 2018.

« Un nouveau matricide », in Le progrès m’a tuer, Leur écologie et la nôtre, Le Pas de côté L’échappée éditions, 2016.

« Un rêve de Simone de Beauvoir « très  différent des autres », L’homme et la société, n° 179-180, janvier-juin 2011.

« Une mort très douce », n° spécial sur « La transmission Beauvoir, Les Temps Modernes,  janvier-mars 2008, n°647-648. Pp. 324-334.

« L’initiatrice », Revue des Lettres et de Traduction, Université de Kaslik (Liban), Faculté des Lettres, n°12-2006 Kaslik.

« Révolution et/ou réformisme homosexuel dans les années 1970 », actes du colloque CLF à la Mairie de Paris, 23 octobre 2010. 

« MLF// Une édition des « Textes premiers » peu éclairante », Lesbia mag, mars 2010

« De la libération des femmes à l’institutionnalisation d’un féminisme bon chic bon genre » et « Voir au-delà de la loi phallique », Actes du colloque Sexe et Genres, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2003.

« La relation entre femmes : un lien impensable ? », in « L’un et l’autre sexe » Dir. Irène Théry, Esprit, mars-avril 2001

« Les noces entre la pensée et la vie », Voix Féministes n°7, La recherche sur les lesbiennes.
Enjeux théoriques, méthodologiques et politiques, sous la direction de Denise Veilleux,
Institut canadien de recherches sur les femmes, avril 1999.

Et « Vingt-cinq ans d’études féministes, L’expérience Jussieu », Cahiers du CEDREF, Université Paris 7-Denis Diderot, juin 2001.

« La Lesbienne dans Le Deuxième Sexe : un universalisme sans universalité », Colloque « Le cinquantenaire du Deuxième sexe », Eischatt. Communication censurée par Ingrid Galster, publiée dans Etudes francophones, Vol. XVI, n°1, printemps 2001 (Etats Unis, Université de La Fayette) + Lesbia magazine, avril et mai 2002. Traduit en espagnol in Orientaciones, n°4, Madrid, 2003.

« La reconnaissance du couple homosexuel : normalisation ou révolution symbolique ? » in  Lien sexuel, lien social. Sexualités et reconnaissance juridique, Supplément au bulletin de l’ANEF n°29, Toulouse, Printemps-été 1999.

ÉROS LESBIEN

Le clitoris ou « le mépris de l’homme ». Retour sur une double castration”, Figures de la psychanalyse, 2022/1, n°43.

Éros lesbien, figure du pastout”, colloque « Penser le sexuel », 11 mars 2017, Revue Figures de la psychanalyse, 1/2018.

Ravissement, Psychanalyse en extension, Colloque Du désir à l’extase, Dimanche 19 novembre 2023.

Éros portraitiste dans Carol de Todd Haynes d’après Patricia Highsmith et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Actes du colloque « Les désirs au féminin dans la littérature et les arts de l’Antiquité à nos jours », Université Bordeaux-Montaigne, 2024.

« La lesbienne est l’archétype de la femme libre », Elle, 18 janvier 2013. Interview d’Isabelle Duriez (8.000 s)

« L’Histoire des lesbiennes est-elle tabou ? » in L’Histoire sans les femmes est-elle possible, Dir. Anne-Marie Sohn et Françoise Thélamon, Paris,  Perrin, 1998.

« De l’émancipation amoureuse des femmes dans la cité, Lesbiennes et féministes au XXè siècle », Les Temps Modernes, n° 598, mars-avril 1998.

ARTS

“Aline Dallier”, in Diana Quinby, Des femmes dans l’art – Hommage à Aline Dallier, Catalogue de l’exposition à la galerie Arnaud Lefbvre, 2022.

Le statut des femmes artistes aujourd’hui, L’Insatiable, avril 2018, : https://linsatiable.org/Le-statut-des-artistes-femmes-1651

Hubert Robert (1733-1808). Un peintre visionnaire (Paris – 2016), Encyclopédia Universalis, 2017.

Charlotte Calmis” in Christine Bard et Sylvie Chaperon, Dictionnaire des féministes, France – XVIIIe – XXe siècle, Puf, 2017.

« Regards de femmes… au temps de l’impressionnisme », in Dir. Judith Cernogora, Catalogue Portraits de femmes, musée de Vernon, éditions Point de vues, 2016.

Marie-Josèphe BONNET, « ÉLISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN (exposition)  », Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/elisabeth-louise-vigee-le-brun/

« Le défi d’Arachné ou le féminin réparateur », catalogue Mireille Honein, Métamorphoses, Galerie Janine Rubeiz, Beyrouth, Liban, 2010

« L’avant-garde, un concept masculin ? », in Guillaume Bridet et Anne Tomiche (dir.), Itinéraires-LTC, n° 1, « Genres et avant-gardes », Paris, L’Harmattan, 2012.

« Un rêve de Simone de Beauvoir « très  différent des autres », L’homme et la société, n° 179-180, janvier-juin 2011.

« Création, procréation, le processus créatif au féminin », La Naissance – Histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui, sous la direction de René Frydman et Myriam Szejer, Albin-Michel, 2010, pp. 91-100.

« À la conquête de la quatrième dimension », in E. Artaud et J. Fayard, Sculpture au féminin, Autour de Camille Claudel, Thalia Édition, 2010.

« Du sans-valeur au sans-prix », Entretien avec Christine Jean, area revues, n°18 printemps 2009

« La reconnaissance des femmes artistes- Réflexions sur la transmission symbolique », Colloque de Cerisy-la-Salle (50), aout 2008.

« Séraphine Louis, dite de Senlis, un génie singulier », Lesbia mag n°285, novembre 2008.

« Camille Claudel, “suicidée de la société“? Persée et la Méduse ou les conséquences dramatiques du clivage femme – artiste » Actes du colloque de Cerisy Regards croisés sur Camille Claudel, juillet 2006, Ed. L’Harmattan, 2008.

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« Art, utopies et féminismes sous le règne des avant-gardes », Colloque, Utopies féministes et expérimentations sociales urbaines, Tours, 8-9 mars 2006.

« Ars femina, entretien avec Isabelle Gaulon », et « Claude Cahun et Marcel Moore (Suzanne Malherbe), C.C. et M.M. », Arearevue,  n°10, été 2005.

articles « Rosa Bonheur », « Marie Laurencin », « Marie de Sévigné », « Suzanne Valadon », « Elisabeth Vigée Le Brun », dans Paris, Au nom des femmes, Ed. Descartes et Cie, 2005.

« Charlotte Calmis, Mémoire présente d’un langage futur », Dir. Levaillant, Actes du Colloque Les écrits d’artistes depuis 1940, Ed. IMEC, 2004

« Autoportrait de Berthe Morisot », Clio, « Femmes et Images », n°19, printemps 2004.

« De l’ombre aux Lumières – La révolution identitaire des femmes peintres du XVIIIe siècle », Les Femmes dans la Révolution française, éd. Autrement, 2003.

« L’autoportrait féminin comme manifeste politique, XVIIIe-XIXe siècles », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 49-3, juillet-septembre 2002, Belin.

«Gisèle Prassinos ou la joie enfantine de transgresser les interdits», Desmos, été 2000.

(dir.) « George Sand, Jeanne Coppel, Ida karskaya, Charlotte Calmis : les filiations inattendues du collage, de la couleur et de la création », catalogue d’exposition, Musée de Châteauroux, 20 octobre – 31 décembre 1995.

HISTOIRE (féminisme-Homosexualité-Résistance-Déportation)

“Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer!”. La mort de Jean Desbordes, alias Duroc, Préface à la réédition de Jean Desbordes, Les Forcenés, Interstices Editions, 2022.

« L’amitié féminine à Birkenau : de la survie à la « sororité » citoyenne trans-familiale », Université d’été d’ARES – « Echange des cultures et Génocides » Du 11 au 13 juillet 2018. http://www.memoire-sexualites.org/marie-jo-bonnet-lamitie-feminine-a-birkenau-de-la-survie-a-la-sororite-citoyenne-trans-familiale/

Ruth “mère-porteuse” de sa belle-mère Noémi”, L’Etonnante histoire des Belles-mères, sous la direction de Yannick Ripa, Belin, 2015.

« Ce ne sont plus des seins ce sont des martyrs ! » Approche de la sexualité concentrationnaire, Colloque “Le corps à l’épreuve de la déportation”, Dir. Cathy Leblanc, Université catholique de Lille, 12-14 mars 2014, Geai bleu éditions, 2016. ISBN: 978 2 914 670 814

Robert Catalan, Le mystérieux “Robert de l’Eure”, Patrimoine Normand, n°89, avril, mai juin 2014, pp. 66-69.

« Violence symbolique, violence fantasmée, l’exemple de la « scandaleuse » Violette Morris (1893-1944),  actes du colloque « Penser la violence des femmes »- 17 et 18 juin 2010 – organisé par Coline Cardi et Geneviève Pruvost- Université Diderot Paris7.

« Robert Générat (1910-1978), résistant et agent de renseignement militaire à Deauville », La Dépêche, n° 47, novembre 2011.

« La résistance à Lisieux pendant la seconde guerre mondiale », (conférence à la médiathèque de Lisieux, 2 octobre 2010), publié en 6 n° dans L’Éveil de Lisieux, été 2011.

« Révolution et/ou réformisme homosexuel dans les années 1970 », actes du colloque CLF à la Mairie de Paris, 23 octobre 2010. 

« L’homosexualité et son image au camp de concentration de Ravensbrück », R/esistenze lesbiche nell´Europa nazifascista, a cura di Paola Guazzo, Ines Rieder e Vincenza Scuderi, Ed. ombre corte/documenta, Verona, (Italie) 2010.

« Harvey Milk – San Francisco – Paris : Histoires parallèles », Lesbia mag n° 291, juin 2009.

« Déportation des lesbiennes… entre stigmatisation et tabou», Lesbia magazine, novembre 2005 et revue Treize, n° 63 printemps 2006, Montréal.

Charlotte Calmis, « Je suis la dernière dame de mon jeu »- poème

Poème dit par l’auteur sur un montage de Marie-Jo Bonnet avec ses collages réalisés dans les années 1970.

https://www.facebook.com/watch/Interstices-%C3%89ditions-106288347380561/

Le collages, La femme dans la Cité (1976) est actuellement exposé à la galerie Arnaud Lefebvre, rue des Beaux-arts à Paris dans le cadre de l‘Hommage à Aline Dallier, grande pionnière de la critique et de l’histoire de l’art des femmes.

Les Deux Amies –

Les Deux Amies par Tamara de Lempicka, 1923.

Cette oeuvre aux dimensions imposantes (1m30 sur 1m60) représente uns scène d’amour et d’orgasme dans une ville « cubiste » qui marque un tournant dans l’histoire de la représentation du couple de femmes.

Pour la première fois, en effet, le couple est montré dans la cité, intégré au monde civilisé moderne et non plus dans l’alcôve, le harem ou le monde sauvage et mythologique de la forêt. Derrière les deux femmes se dressent des immeubles modernes traités de manière cubiste qui contrastent curieusement avec la paix charnelle qui émane des deux femmes aux corps puissamment architecturés. En fait, tout le tableau est construit sur le contraste entre la cité cubiste aux angles aigus et aux lignes brisées, et les corps des femmes traités en courbes et en volumes. Contraste, ou plutôt mise en perspective, si l’on se réfère au  titre de Perspective sous lequel le tableau fut exposé. La cité est-elle brisée parce qu’elle refuse toujours de reconnaître l’amour entre femmes ? Une cité à l’univers d’autant plus chaotique que s’impose à nous, avec une majesté presque impudique, l’orgasme pacifiant des amantes .

(Extrait de Les Deux Amies, essai sur le couple de femmes dans l’art, Editions Blanche, 2000, p. 199.)

L’Art et le Féminisme en France dans les années 1970

Hommage à Aline Dallier-Popper (1927-2020)

Rencontre à la Galerie Arnaud Lefèbvre, rue des Beaux Arts à Paris, le 9 mars 2022, dans le cadre de l’Hommage à Aline Dallier (1927-2020), pionnière de la critique artistique féministe et historienne de l’art des femmes. Commissaire de l’exposition, Diana Quinby.

Interventions des artistes et historiennes d’art: Christine de Buzon pour le groupe Femmes/arts et Françoise Eliet, Cristina Martinez, Mathilde Ferrer, Thérèse Ampe-Jonas, Eugénie Dubreuil, Françoise Py, Anouk Chambart, ean-Clarence Lambert, Claude Bauret-Allard, Danièle Blanchelande, Liliane Camier, Dorothée Selz, Vincent Enjalbert.

Un catalogue est édité. Avec les exposantes : Thérèse Ampe-Jonas, Claude Bauret Allard, Danièle Blanchelande, Bernadette Bour, Charlotte Calmis, Liliane Camier, Christiane de Casteras, Colette Deblé, Françoise Eliet, Esther Ferrer, Monique Frydman, Aline Gagnaire, Hessie, Sara Holt, Françoise Janicot, Monique Kissel, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki, Marie-Rose Lortet, Léa Lublin, Milvia Maglione, Cristina Martinez, Vera Molnar, ORLAN, Aline Ribière, Dorothée Selz, Nancy Wilson-Pajic, Nil Yalter.

et les témoignages de personnes qui ont connu Aline Dallier-Popper :(Dominique Berthet, Marie-Jo Bonnet, Christine de Buzon, Daniel Danétis, Fabienne Dumont, Mathilde Ferrer, Jean-Clarence Lambert, Gilbert Lascault, Gloria Orenstein, Françoise Py, ainsi que de plus jeunes chercheurs-euses pour qui les écrits d’Aline Dallier ont été importants (Zélia Bajaj, Anouk Chambard, Vincent Enjalbert, Franny Tachon). Le catalogue intègre également la version intégrale d’une interview d’Aline Dallier, réalisée en 2009 par Diana Quinby. Dans un entretien récent, l’artiste Tania Mouraud raconte sa longue relation amicale avec Aline Dallier, qui remonte au début de leurs carrières respectives.

Marie-Jo Bonnet, Entretien avec Claire Tencin sur La Maternité symbolique

Pour l’écouter, copier le lien:

Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=CUevky9zTAY&t=28s

sur le site : https://ardemment.fr/medias/


Beaucoup de femmes ont une mère symbolique mais n’en parlent pas faute d’avoir identifié son rôle dans leur vie. Elle concerne des relations de confiance et d’initiation vécues entre générations différentes indépendamment du lien biologique. Exemple : Les maraines, les écrivaines, les peintres, les militantes de l’écoféminisme, les guérisseuses, les guides spirituelles, les chamanes, les psychanalystes, etc. Je souhaite montrer leur importance dans notre société.

article de Florent Georgesco, Le Monde des Livres, 27 novembre 2020:

Discours de Marie-Jo Bonnet au vernissage de l’exposition CREATRICES, à Rennes

Permettez moi de commencer par remercier les artistes qui ont tant œuvré pour l’émancipation. Dans l’indifférence parfois, l’incompréhension mais toujours en suivant leur lumière intérieure. Je suis heureuse de leur rendre hommage par cette grande exposition féministe qui a pu se réaliser dans la ville de Rennes grâce au soutien de Mme Nathalie Appéré, maire de Rennes, et à toute l’équipe du musée dirigée par Anne Dary et aujourd’hui Jean-Roch Bouiller. Rennes, et la Bretagne, se mettent ainsi à l’avant-garde de la reconnaissance des femmes artistes.

Je remercie le comité scientifique qui m’a accompagnée dans l’élaboration du projet, et qui a été un lieu chaleureux d’échanges et de réflexion très dynamisant. Je crois que la relève est assurée.

Un merci spécial à François Coulon, que j’ai rencontré il y a plusieurs années au musée alors que je réalisais un Guide des femmes artistes dans les musées de France et qui a eu l’idée de me proposer cette exposition.

Merci aussi à Valérie Richard qui a assuré le secrétariat des demandes de prêt avec tant de compétence avec Macha Paquis, jeune normalienne.

Les éditions Ouest-France, étaient tout naturellement désignées pour publier le catalogue. Mathieu Biberon, directeur éditorial et Alice Ertaud, ont réalisé avec enthousiasme cet ouvrage qui sera la mémoire de l’exposition.

Je suis heureuse d’avoir pu rassembler un ensemble d’œuvres majeures réalisées par les plus grandes artistes, de Camille Claudel à Louise Bourgeois en passant par Elisabeth Vigée Le Brun, dont l’autoportrait en train de peindre a été peu montré en France. En tout  80 œuvres  de femmes, du Moyen Age à nos jours, qui sont unies et mises en espace par Eric Morin, dans une perspective émancipatrice.

Le statut des femmes artistes a fait l’objet, on le sait, d’un long combat. Et pour mieux en comprendre toutes les implications, nous avons choisi l’organiser l’exposition autour de cinq grands axes, qui représentent chacun un courant porteur. Comment se libérer de sa condition féminine en bravant les interdits ? Comment le portrait et l’autoportrait contribuent à changer l’image sociale des femmes en oeuvrant pour la reconnaissance des artistes ? Comment les artistes ont lutté contre les clichés de l’art féminin au point de révolutionner la tapisserie ? La question de la spiritualité en art comme source d’énergie créatrice, et enfin la trop prégnante question des violences subies ou comment les transformer par l’activité artistique pour renaître en sortant du statut de victime.

Nous voyons ainsi que les femmes artistes ont réalisé un travail symbolique essentiel, qui nous concerne tous et toutes et qui se déploie dans l’histoire depuis les premières visionnaires du Moyen Age, jusqu’à ce Baby carriage de la japonaise Chiharu Shiota.

Nous sommes en effet en présence d’une exposition de dimension internationale, avec des artistes issues de nombreux pays, qui permet de réévaluer l’apport des femmes dans le champ artistique. Nous espérons ainsi remettre en cause la logique d’une histoire de l’art fondée sur les ruptures avec le passé. Les femmes sont novatrices dans l’emploi des matériaux non nobles, dans le refus des clivages, l’ouverture à d’autres spiritualités et le désir d’exprimer un point de vue personnel sur le monde.

Avant de passer la parole à l’association Histoire du féminisme à Rennes et à H/F Bretagne, j’aimerai dire pourquoi je leur ai proposé de chanter l’Hymne du MLF au  cours du vernissage. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été bouleversée d’entendre la chorale de 600 femmes chanter dans le stade de Rennes lors de la coupe du monde féminine de football cet hymne que j’ai tellement chanté lorsque j’étais au MLF. Il fait partie de mon cheminement dans la découverte des femmes artistes, et  de ma prise de conscience de l’inégalité de statut homme-femmes qui les a tant marginalisées. C’est auprès de Charlotte Calmis notamment et de son association La Spirale que je me suis éveillée à toutes ces questions, découvrant à quel point l’art est certainement l’avenir du féminisme dans sa capacité à élaborer un nouveau point de vue sur le monde et à nous le faire partager.

Je souhaite que cette exposition ouvre de nouveaux chemins d’émancipation dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Rennes, 28 juin 2019.

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