Charlotte Calmis, « Je suis la dernière dame de mon jeu »- poème

Poème dit par l’auteur sur un montage de Marie-Jo Bonnet avec ses collages réalisés dans les années 1970.

https://www.facebook.com/watch/Interstices-%C3%89ditions-106288347380561/

Le collages, La femme dans la Cité (1976) est actuellement exposé à la galerie Arnaud Lefebvre, rue des Beaux-arts à Paris dans le cadre de l‘Hommage à Aline Dallier, grande pionnière de la critique et de l’histoire de l’art des femmes.

Poème de Charlotte CALMIS « A Catherine »

A six heures du soir… sur une gondole
Glisse tout doux un songe
Ma vie peut-être, moirée de roses et vertes oraisons…
D’autrefois et de demain
Sur ce sang de Venise
La mer
Se dresse de pierres la beauté.
Je ne sais-Femme-entre la nature et cette Cité… unique –
Où est mon présent
Car je n’engendre plus ces bâtisseurs…
Je m’enfante entre mourir et naître
Il n’y a ici de moi que brisures d’éternité
Venezzia à l’heure pressée des vaporettos !
Où coule là-bas en cette gondole une des ces mémoires de la beauté
O cité d’hommes où chaque femme est mal d’amour.
(septembre 1980, à paraître dans une édition des oeuvres complètes présentée par Marie-Jo Bonnet)

Charlotte CALMIS (1913-1982), Gaïa, Psaumes d’incarnation, poèmes

Calmis-revue souffles d'elles n°1 MG_0040Ne suis-je dentellière de l’ombre
qu’araignée au tissage secret
peau tatouée (façon que j’ai de broder-main la connaissance)
sur ma chair de clair-obscur destin

Qu’est-ce qui
DORT NOIR AU CŒUR DE MES DENTELLES

Pourquoi élucider si
à travers le corps pénètrent pierres vos mots
là où d’autres mots stagnent
cette pamoison de mots ma chair stigmatise
pourquoi élucider Méditation de chouettes aveugles1

Que périssent les saisons rousses de nos passions
automnes fous
temps des mal-aimés
Crissements-cris à fleur de mots de pierres et
de stigmates

Pourquoi élucider
Je t’interroge jour de trop soleil
Quel secret dort noir au cœur de mes dentelles ?

2
Cette saison unique où par
ouï-dire craque le printemps au cœur
le désir vivre au rose vert des lilas
rare à devenir métamorphose
A en mourir au cœur craque toute raison
lorsque chavire par ouï dire aux brisures
le vert rose des lilas
3
Saveur angélique de quelle initiation de quel
Amalgame d’amante amère et d’absurde réalité
Saveur angélique où tourbillonne l’électronique chaos

Dedans ventre
quel œil alchimiquement fait métamorphose ô viscérale identité
ces messages pour ma terre ont ma peau perforée

Que mes yeux fouillent le cosmos sous paupières closes
regards noirs sur l’azur
innocente gaité d’astres à rire déployés dedans ma rate
gerbe d’étoiles et de soleils
Si à se taire alors que ma bouche sans levain s’asphyxie

Parole saveur angélique de ma survie

Publiés dans les Cahiers du Nouveau Commerce, n°36-37, 1977,
Je prépare l’édition de ses Oeuvres poétiques.

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