Beaucoup de femmes ont une mère symbolique mais n’en parlent pas faute d’avoir identifié son rôle dans leur vie. Elle concerne des relations de confiance et d’initiation vécues entre générations différentes indépendamment du lien biologique. Exemple : Les maraines, les écrivaines, les peintres, les militantes de l’écoféminisme, les guérisseuses, les guides spirituelles, les chamanes, les psychanalystes, etc. Je souhaite montrer leur importance dans notre société.
article de Florent Georgesco, Le Monde des Livres, 27 novembre 2020:
Après la remise en question de la
maternité obligatoire par les féministes dans les années 1970,
après la conquête, pour la première fois de l’histoire, de la maîtrise
de leur fécondité par les femmes elles-mêmes, on assiste à un retour en force
de l’injonction à la maternité par un marché de l’assistance à la procréation
de plus en plus puissant. Mais ce retour se fait de manière très paradoxale par
la disparition du mot mère au profit de sigles tels que GPA ou PMA.
On peut
même se demander, questionne Marie-Jo
Bonnet, s’il ne s’agit pas d’une forme de matricide délibérée, qui
s’attaque à la puissance maternelle des femmes. En même temps, les femmes
déclarées stériles ou infertiles ou celles qui ne veulent pas faire d’enfants
subissent encore une sorte d’opprobre sociale. Comment en est-on arrivé
là ? Quelles réponses apporter ? Marie-Jo Bonnet vient nous rappeler
que la maternité ne se réduit pas à la seule dimension biologique.
Après la remise en question de la
maternité obligatoire par les féministes dans les années 1970,
après la conquête, pour la première fois de l’histoire, de la maîtrise
de leur fécondité par les femmes elles-mêmes, on assiste à un retour en force
de l’injonction à la maternité par un marché de l’assistance à la procréation
de plus en plus puissant. Mais ce retour se fait de manière très paradoxale par
la disparition du mot mère au profit de sigles tels que GPA ou PMA.
On peut
même se demander, questionne Marie-Jo
Bonnet, s’il ne s’agit pas d’une forme de matricide délibérée, qui
s’attaque à la puissance maternelle des femmes. En même temps, les femmes
déclarées stériles ou infertiles ou celles qui ne veulent pas faire d’enfants
subissent encore une sorte d’opprobre sociale. Comment en est-on arrivé
là ? Quelles réponses apporter ? Marie-Jo Bonnet vient nous rappeler
que la maternité ne se réduit pas à la seule dimension biologique.
La maternité symbolique a
toujours existé : mettre au monde des idées, des œuvres d’art, des livres,
l’enfant intérieur ; aider à grandir, prendre soin de l’autre, guérir les
âmes… la culture patriarcale le sait qui a limité cette maternité symbolique
aux figures de Vierges rédemptrices et miséricordieuses, entretenant la
séparation entre le corps (maternel) et l’esprit (divin). Ce qui explique
pourquoi la maternité symbolique est si peu connue…
Si on a pu croire que l’accès des femmes à la maitrise de leur fécondité allait permettre de vivre enfin la libre maternité, il a fallu déchanter. Les techniques de procréation artificielle ont repris le contrôle du corps des femmes, réactivant la hantise de la stérilité tout stigmatisant les femmes qui n’ont pas d’enfants.
Des cultes aux déesses mères à la
maïeutique Socratique, en passant par Thérèse d’Avila, Jeanne Guyon ou plus
près de nous Charlotte Calmis, la Mère d’Auroville, Niki de Saint Phalle,
l’éco-féminisme et les Chamanes, Marie-Jo Bonnet ouvre le débat en montrant que
la maternité symbolique fait partie de l’expérience universelle. Elle est à la fois
une alternative à la maternité obligatoire et un moyen d’exprimer son élan
créateur, qu’il soit mystique, artistique ou guérisseur.
Je remercie
la Mairie de Paris et particulièrement Catherine Vieu-Charier, adjointe à la
Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant, ainsi que M.
Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement, d’accueillir dans le
square Louvois Andrée Jacob et Eveline Garnier, deux grandes actrices de notre
histoire qui ont étonnamment disparu de notre mémoire collective.
Merci de
faire acte de justice, non seulement pour l’histoire des femmes mais aussi pour
l’histoire de la résistance en France, et plus spécialement de ce cher Paris où
elles sont nées, ont vécu et ont travaillé toute leur vie. Savions-nous qu’Andrée
Jacob est à l’origine des panneaux présentant les monuments et sites principaux
de la capitale ?
Il faut dire
qu’Andrée Jacob le connaissait bien, l’ayant arpenté dans tous les sens sous
l’Occupation comme secrétaire de Claude Bourdet, qui était monté dans la
capitale en juillet 1943 pour diriger le réseau Noyautage des Administrations Publiques
(NAP).
Le fait
qu’elles vivaient ensemble rue Rousselet dans le 7e arrondissement,
et qu’elles se sont connues avant l’Occupation, dans le cercle de Jacques
Maritain, l’oncle d’Eveline, y est pour quelque chose. Ce milieu de catholiques
de gauche donnera naissance à Témoignage
chrétien et au numéro spécial sur l’antisémitisme sorti en pleine
occupation. Andrée Jacob est évidemment bien placée pour être alertée et
organiser la résistance. Elle conduira ses parents en zone sud, dans la maison
de Buissière ou habite la famille d’Eveline Garnier, ne portera jamais l’étoile
jaune, et fabriquera des faux papiers pour les Juifs de son entourage. Ariane
Lévery, présente parmi nous aujourd’hui, a pu bénéficier de ces papiers qui lui
ont sauvé la vie, ainsi qu’à sa mère. Elle est d’ailleurs venue avec.
A partir de
1943, le travail s’intensifie. Il s’agit de préparer la libération en
protégeant les membres de l’administration publique résistants. Sans ce travail
incessant de ces chevilles ouvrières de la Résistance, il n’est pas certain que
de Gaulle aurait pu s’appuyer de manière aussi confiante sur une administration
épurée qui posera les fondement du nouvel Etat français.
Grâce à leur
sang froid, quand un certain matin d’avril 1944, la Gestapo est venue frapper à
leur porte, elles ne furent pas arrêtées et purent ainsi reprendre le flambeau
de la direction du réseau Nap en juin 1944, à la suite des arrestations ses
chefs. S’occuper de la logistique, de la gestion des fonds, de la récolte et
distribution des quelques 600 lettres échangées quotidiennement entre les
différents centres de décision de l’insurrection parisienne, sans oublier la
protection des archives, cachées aux Archives nationales ou travaillait
Jacqueline Chaumié.
Elles
représentent l’armée invisible des femmes sans lesquelles la Résistance
n’aurait pas été en mesure de préparer et réussir l’Insurrection parisienne.
Puisque nous
sommes en face de la Bibliothèque nationale, Rappelons l’acte de bravoure
d’Andrée Jacob qui l’a libérée à la tête d’un peleton FFI et fait arrêter
Bernard Faye au moment où il allait s’évader vers les Etats Unis avec des
fichiers importants, comme elle le raconte dans son témoignage conservé aux
Archives nationales.
Après la
Libération, un autre travail tout aussi essentiel les attendait au ministère
des Prisonniers, déportés et rapatriés, dresser un premier fichier des
disparus, et participer à la Mission dirigée par l’historienne Olga Wormser sur
l’identification, la localisation et la recherche des déportés de France. Elle
participera aussi à la constitution de la documentation pour le film Nuit et brouillard d’Alain Resnay.
Il aura donc
fallu 75 ans, pour que ce couple de pionnières du devoir de mémoire et de la
valorisation du patrimoine, ce couple de femmes résistantes mystérieusement
rayées de l’histoire en dépit de leur état de service prestigieux, soit enfin
honorées par notre cité de Paris.
J’espère que les jeunes pourront désormais puiser auprès d’elles la force de résister à l’oppression sous toutes ses formes (politique, religieuse, technologique) pour participer au renouveau si nécessaire de notre monde. Marie-Jo Bonnet, 29 août 2019
Permettez moi de commencer par remercier les artistes qui ont tant œuvré pour l’émancipation. Dans l’indifférence parfois, l’incompréhension mais toujours en suivant leur lumière intérieure. Je suis heureuse de leur rendre hommage par cette grande exposition féministe qui a pu se réaliser dans la ville de Rennes grâce au soutien de Mme Nathalie Appéré, maire de Rennes, et à toute l’équipe du musée dirigée par Anne Dary et aujourd’hui Jean-Roch Bouiller. Rennes, et la Bretagne, se mettent ainsi à l’avant-garde de la reconnaissance des femmes artistes.
Je remercie
le comité scientifique qui m’a accompagnée dans l’élaboration du projet, et qui
a été un lieu chaleureux d’échanges et de réflexion très dynamisant. Je crois
que la relève est assurée.
Un merci
spécial à François Coulon, que j’ai rencontré il y a plusieurs années au musée
alors que je réalisais un Guide des femmes artistes dans les musées de France
et qui a eu l’idée de me proposer cette exposition.
Merci aussi à
Valérie Richard qui a assuré le secrétariat des demandes de prêt avec tant de
compétence avec Macha Paquis, jeune normalienne.
Les éditions
Ouest-France, étaient tout naturellement désignées pour publier le catalogue.
Mathieu Biberon, directeur éditorial et Alice Ertaud, ont réalisé avec
enthousiasme cet ouvrage qui sera la mémoire de l’exposition.
Je suis heureuse d’avoir pu rassembler un ensemble d’œuvres majeures réalisées par les plus grandes artistes, de Camille Claudel à Louise Bourgeois en passant par Elisabeth Vigée Le Brun, dont l’autoportrait en train de peindre a été peu montré en France. En tout 80 œuvres de femmes, du Moyen Age à nos jours, qui sont unies et mises en espace par Eric Morin, dans une perspective émancipatrice.
Le statut des
femmes artistes a fait l’objet, on le sait, d’un long combat. Et pour mieux en
comprendre toutes les implications, nous avons choisi l’organiser l’exposition
autour de cinq grands axes, qui représentent chacun un courant porteur. Comment
se libérer de sa condition féminine en bravant les interdits ? Comment le
portrait et l’autoportrait contribuent à changer l’image sociale des femmes en
oeuvrant pour la reconnaissance des artistes ? Comment les artistes ont
lutté contre les clichés de l’art féminin au point de révolutionner la
tapisserie ? La question de la spiritualité en art comme source d’énergie
créatrice, et enfin la trop prégnante question des violences subies ou comment les
transformer par l’activité artistique pour renaître en sortant du statut de
victime.
Nous voyons
ainsi que les femmes artistes ont réalisé un travail symbolique essentiel, qui
nous concerne tous et toutes et qui se déploie dans l’histoire depuis les
premières visionnaires du Moyen Age, jusqu’à ce Baby carriage de la japonaise Chiharu Shiota.
Nous sommes
en effet en présence d’une exposition de dimension internationale, avec des
artistes issues de nombreux pays, qui permet de réévaluer l’apport des femmes
dans le champ artistique. Nous espérons ainsi remettre en cause la logique d’une histoire de l’art fondée sur les
ruptures avec le passé. Les femmes sont novatrices dans l’emploi des matériaux
non nobles, dans le refus des clivages, l’ouverture à d’autres spiritualités et
le désir d’exprimer un point de vue personnel sur le monde.
Avant de passer la parole à l’association
Histoire du féminisme à Rennes et à H/F Bretagne, j’aimerai dire pourquoi je
leur ai proposé de chanter l’Hymne du MLF au
cours du vernissage. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été bouleversée
d’entendre la chorale de 600 femmes chanter dans le stade de Rennes lors de la
coupe du monde féminine de football cet hymne que j’ai tellement chanté lorsque
j’étais au MLF. Il fait partie de mon cheminement dans la découverte des femmes
artistes, et de ma prise de conscience
de l’inégalité de statut homme-femmes qui les a tant marginalisées. C’est
auprès de Charlotte Calmis notamment et de son association La Spirale que je me
suis éveillée à toutes ces questions, découvrant à quel point l’art est
certainement l’avenir du féminisme dans sa capacité à élaborer un nouveau point
de vue sur le monde et à nous le faire partager.
Je souhaite que cette exposition ouvre de nouveaux chemins d’émancipation dont nous avons tant besoin aujourd’hui.
Qui a composé l’Hymne du MLF? « L’hymne » des femmes a été composé chez Monique Wittig, fin mars 1971 pour un rassemblement au square d’Issy-les-Moulineaux en honneur aux femmes de la Commune dont on fêtait le centenaire. Outre Monique Wittig, il y avait Hélène Rouch, Cathy Bernheim, Catherine Deudon, M.-J. Sinat, Gille Wittig, Antoinette Fouque, Josyane Chanel et Josée Contreras qui se souvient avoir proposé l’air du Chants des Marais qu’elle avait appris en colonie de vacances en ignorant qu’il s’agissait du grand chant des déportés. Témoignage de Josée Contreras, destiné au Colloque « Femmes en chansons », 2010. Pour plus de développement voir MON MLF, par Marie-Jo Bonnet, Albin Michel, 2018.
Les femmes que vous voyez en train de chanter en noir et blanc sont « Le groupe musique du MLF ». la fille qui joue de la guitare, c’est moi. Filmé à Jussieu en 1972, avec Luce Theye, Claudette Davené, Marianne Ilisca,Annie Sinturel (flute et accordéon) et celles dont j’ai oublié le nom mais pas le visage.
Nous voulions enregistrer un disque. Voici la matrice dans le film
Le musée des Beaux arts de Brest, dirigé par Sophie Lessard, organise une exposition en liaison avec celle du Musée des Beaux-arts de Rennes dédiée aux Créatrices, l’émancipation pour l’art.
Elle a lieu du 29 juin 2019 au 5 janvier 2020 sur le thème :
« La vraie vie est ailleurs – Artistes femmes autour de Marta Pan : Simone Boisecq, Charlotte Calmis, Juana Muller, Vera Pagava, Judit Reigl. »
Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Marie-Jo Bonnet, historienne de l’art et des femmes, rend hommage aux artistes étrangères, nées « ailleurs » ou hors métropole, qui ont eu le courage de quitter leur terre natal pour venir vivre en France l’aventure de la création artistique.
Elles ont aussi choisi l’abstraction comme mode d’expression privilégié de cet « ailleurs » qu’elles cherchaient dans leur art et dans la vie.
L’exil volontaire est toujours une expérience risquée… et féconde. Pour ces artistes assoiffées de liberté, elle va devenir un vecteur d’émancipation incomparable qui les jette dans l’inconnu pour s’obliger, peut-être, à s’appuyer sur le potentiel créateur présent en chacune et chacun d’entre nous.
Les 6 artistes qui nous présentons au musée des Beaux arts de Brest à travers 44 œuvres originales, sont arrivées en France entre 1920 et 1950. Que ce soit par la sculpture, comme Marta Pan avec « Lacs » de la rue de Siam, (1988) qui sont devenues une des grandes fiertés de la ville, par la peinture, le collage, et même la poésie, elles ont créé un univers singulier aux résonnances contemporaines qui montre l’importance de la création des femmes dans le rayonnement artistique de notre pays.
Au musée des Beaux-Arts de Rennes, du 28 juin au 29 septembre 2019, se tiendra l’exposition Créatrices, l’émancipation par l’art, avec 80 œuvres Moyen-Age à nos jours (peinture, sculpture, dessin, installation). Commissaire Marie-Jo Bonnet
Cette grande exposition féministe dédiée aux Créatrices est un événement à plus d’un titre. Privilégiant une approche thématique sur une longue durée, elle met en lumière la fonction émancipatrice de l’art, à l’instar de Niki de Saint Phalle qui donna le « pouvoir aux Nanas ». Plus de 80 œuvres se déploient à travers cinq grandes questions :
Comment se libérer de sa condition féminine en bravant les interdits, ainsi que l’ont fait Camille Claudel et ORLAN ? En quoi la représentation de soi peut-elle prendre une dimension politique en faveur de la reconnaissance des femmes peintres, tel que le montre par exemple Elisabeth Vigée Le Brun au XVIIIe siècle ? Comment renaître de la violence subie – sexuelle ou politique – en « devenant artiste », ainsi que l’a initié Artemisia Gentileschi ? Et il n’est pas jusqu’à l’art textile qui ne remette en question la vision stéréotypée des genres, en suscitant le travail avant-gardiste d’un féminin rebelle. Dernier thème, rarement exploré dans les expositions, la question de la spiritualité en art, qui est source d’énergie créatrice pour de nombreuses artistes dans le sillage des visionnaires du Moyen Age. De cette exposition, émerge le formidable apport novateur des femmes, par l’utilisation de nouveaux matériaux et une radicale liberté créatrice.
Commissaires : Marie-Jo Bonnet, historienne et historienne d’art, auteure de nombreuses publications sur les artistes femmes et Anne Dary, Directrice honoraire du musée des Beaux-Arts de Rennes.
Comité scientifique composé de Judith Cernogora, conservatrice du patrimoine, Marianne Le Morvan, directrice des archives Berthe Weil, Marie Robert, conservatrice du patrimoine, musée d’Orsay, Frédérique Villemur, Historienne de l’art, ÉNSAM de Montpellier, Macha Paquis, agrégée en arts plastiques.
L’exposition sera accompagnée d’un catalogue rédigé par Marie-Jo Bonnet publié aux Editions Ouest-France.
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