L’Affaire Guy Môquet. Enquête sur une mystification officielle« , de Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Larousse, « A rebours », 160 p.
La lecture de l’enquête historique menée par Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre sur « L’affaire Guy Môquet » est absolument passionnante pour celles et ceux qui se sont posé des questions sur les motifs de l’héroïsation du « plus jeune fusillé de France ».
Le sous-titre nous donne déjà une réponse : « Enquête sur une mystification officielle ». De fait ! le portrait qu’ils ont dressé à partir d’une recherche rigoureuse dans les archives est très différent de celui qui a été exalté par le Parti communiste, d’abord, puis notre président de la république.
Guy Môquet était-il vraiment un résistant, se demandent les auteurs, c’est-à-dire un jeune homme combattant les intérêts allemands en France ?
Quelle est la différence entre un résistant et un clandestin ?
Pourquoi se trouvait-il encore interné en 1941 alors que sa condamnation pour appartenance à un parti interdit était accomplie ?
Pourquoi a-t-il été choisi, sachant que son père, Prosper Môquet, député communiste, interné lui aussi, avait approuvé le Pacte Germano-soviétique ?
Quelle était la politique du PCF vis-à-vis de la « guerre impérialiste », de l’URSS, de l’Allemagne, de Vichy et des Anglais ?
Autant de questions auxquelles répondent les auteurs qui nous permettent de mieux comprendre comment la fiction devient histoire et pourquoi la Résistance perd son véritable sens quand elle est instrumentalisée.
Comme l’écrivent J.M. Berlière et F. Liaigre, « Si l’on s’était donné la peine de rendre à l’histoire sa complexité, de ne pas violer les temporalités, de bannir tout anachronisme et surtout d’aller voir de près les faits, cette commémoration n’aurait peut-être pas été aberrante. On a cru commémorer la Résistance en honorant un jeune homme qui, loin de combattre l’occupant, a distribué des journaux qui véhiculaient des propos et des valeurs aux antipodes de la liberté, de la démocratie, du patriotisme qu’on a voulu célébrer en 2007. »