Petite Biographie féministe de Marie-Jo Bonnet

Petite biographie féministe de Marie-Jo Bonnet (ou Marie-Josèphe)

Docteur en Histoire, historienne d’art, écrivaine et conférencière. Je suis membre de la Société des Gens de Lettres et Centre Régional des Lettres de Basse Normandie.

Je suis née en 1949 à Deauville (Calvados). Ma mère était pianiste, professeur de piano et mon père électricien puis conducteur de travaux. J’ai deux frères. Je suis l’ainée.
J’ai passé les quinze premières années de ma vie en Normandie, dans la Pays d’Auge, à Pont-l’Evêque puis Lisieux et Orbec (en pension pendant l’adolescence). Mes parents ont déménagé dans la banlieue communiste (Val de Marne) trois ans avant mai 1968. Les « événements », vécus au lycée Romain Rolland d’Ivry en grève, ont suscité l’espoir de trouver une nouvelle place dans la Cité en révolte.
Quelque chose d’essentiel me manquait, cependant, et c’est en découvrant le Mouvement de Libération des femmes en février 1971 que ma vie a trouvé sa véritable orientation. Tout en poursuivant mes études (classes préparatoires à l’école Normale supérieure de Fontenay, licence d’histoire à Paris 1 La Sorbonne, maitrise à Paris VII-Jussieu puis thèse avec Michèle Perrot) je me suis engagée dans une vie militante très épanouissante.
J’ai participé à la fondation du Front Homosexuel d’Action révolutionnaire (FHAR) puis des Gouines Rouges (1971) et les Féministes Révolutionnaires fondées par Monique Wittig et Christine Delphy. Étant guitariste, j’ai fait partie du groupe musique de 1971 à 1973 qui a enregistré les chants du MLF. J’ai aussi vécu « en communauté », rue Blomet avec Evelyne Rochedereux.

1973, je fais partie de l’équipe du Torchon brûle n° 5. Participe à la rédaction d’un article sur les Féministes révolutionnaires et sur les Groupes de conscience.

1974, Je participe au numéro spécial des Temps modernes « Les femmes s’entêtent » sous la signature de Marxiejo.
J’enregistre deux chansons du MLF avec Aline Montels, « Discocanar n°3 ».

1974 je découvre l’association « La Spirale », fondée par Charlotte Calmis autour de la création artistique des femmes. Je participe au « groupe Sorcières » pendant 6 ans à travers méditations et écriture et je bénéficie d’une véritable initiation à l’art par Charlotte Calmis.

En 1975, je participe au groupe d’historiennes réuni par Simone de Beauvoir, et suis membre fondatrice du Groupe d’Études Féministes de l’université de Paris VII (où j’ai passé ma maitrise d’histoire en 1974).
Je participe aux revue Les femmes s’entêtent, Parole, Neuf.

1976, mars, article dans Libération « Vivre et s’aimer entre femmes ».
– création d’un orchestre pour les « 10 heures contre le viol » à la Mutualité en juin. Je joue de la guitare.
1978, A l’initiative de Charlotte Calmis, réalisation d’un film vidéo avec Carole Roussopoulos, « Point d’Émergence ». Portraits de Charlotte Calmis, Véra Pagava, Aline Gagnaire et le Salon de L’Union des Femmes peintres et Sculpteurs.

1979, je soutiens la première thèse d’histoire des femmes sur Les relations amoureuses entre les femmes du XVIe au XXe siècle en mars, à l’université Paris VII, sous la direction de Michelle Perrot. Éditée en 1981 aux Éditions Denoël sous le titre Un choix sans équivoque, ma thèse fait l’objet d’une réédition augmentée en 1995 chez Odile Jacob, puis en poche 2001.

1980, je réalise le n° 3 de la revue Pénélope sur « Les femmes et la création ».

je participe au film de Gaëlle Montlahuc « Le MLF, un mouvement à suivre », Antenne 2, 1981.

1984, je cofonde l’Association Charlotte Calmis qui réalise une exposition-hommage des œuvres de Charlotte Calmis décédée en 1982, au Ministère des Droits des femmes.

Mais avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, la recherche féministe s’institutionnalise progressivement. Mon sujet est alors trop novateur pour susciter un accueil universitaire adéquat. Je décide donc de continuer mes recherches hors institution tout en travaillant pour gagner ma vie à de « petits boulots ». Ce chemin très difficile s’effectue dans une période de silence éditorial et militant que je mets à profit en préparant un « Guide des femmes artistes dans les musées de France », grâce à la rencontre de Michèle Brun, en 1988.
Avec les subventions versées à l’association « Elles Font » par différents organismes « droit des femmes » mis en place par le ministère Roudy, je peux de faire la tournée des musées en France, photographier les œuvres, et construire les fondations d’une réflexion sur l’art des femmes. A cette époque je voyage régulièrement en Tunisie où enseigne Michèle Brun.

La réédition en 1995 de ma thèse aux éditions Odile Jacob me remet en selle pour de nouvelles aventures littéraires et militantes.
Les livres s’enchaînent. Les Deux amies en 2000, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? en 2004 et la même année, Les femmes dans l’art, puis Les femmes artistes dans les avant-gardes en 2006. Je commence aussi des recherches sur la Résistance, l’Occupation et la Déportation. J’ai ainsi publié une quinzaine d’ouvrages sur l’histoire des femmes, l’homosexualité, l’histoire de l’art et la Résistance, jusqu’à mon dernier livre sur un sujet qui n’avait jamais été étudié sous cet angle : Simone de Beauvoir et les femmes aux éditions Albin Michel. A ces livres, il faut ajouter les nombreux articles, colloques (France et étranger), conférences dans le mouvement associatif, participations à des émissions de télévision, radio, des films, etc.

Parallèlement à mes écrits, je mène une activité associative importante à travers de nombreuses conférences dans le monde associatif sur le féminisme, le lesbianisme, l’art, la résistance, etc. Mon activité militante s’est orientée sur les domaines suivants :

1997, Assises nationales pour les droits des femmes. Avec Jocelyne Fildard, nous organisons un atelier lesbien. Il s’agit d’intégrer les « droits des lesbiennes » aux droits des femmes dans une perspective de changement social après plusieurs années de séparation entre les féministes, soi-disant toutes hétéros et les lesbiennes.

1998, Collectif pour l’union libre qui définit un statut différent du Pacs pour lequel militent les associations gays.

2004, Fondation de l’association Souffles d’Elles dont je suis la présidente. Avec Annie Richard j’organise et anime le Café des femmes à la Coupole. Pendant cinq ans, nous invitons une centaine d’artistes, écrivaines, philosophes, comédiennes, cinéastes, poètes dans ces rencontres qui ont lieu le dimanche après midi une fois par mois au célèbre restaurant La Coupole à Montparnasse.
Je réalise une exposition « Les femmes artistes dans la Cité – Histoire d’une conquête » (15 panneaux) qui est présentée dans de nombreux espaces à Paris et province. Je publie 4 numéros de la revue Souffles d’Elles consacrée à des artistes (Charlotte Calmis, Solveig Albeverio Manzoni, Nelly Trumel, Marie-Danielle Koechlin).

2010, le Café des femmes de l’association Souffles d’elles fête les 40 ans du Mouvement de Libération des Femmes au Café l’Hélicon, en consacrant cinq séances spéciales au « MLF par celles qui l’ont vécu ». Chaque invitée présente son action pendant vingt minutes avant d’ouvrir le dialogue avec la salle. Je conçois et anime chaque séance. Des enregistrements vidéo sont réalisés sur le vif qui font l’objet d’un dépôt à la BNF avec Bobines féministes.

2014, je prends position publiquement contre le mariage (qu’il soit pour tous ou pour les hétéros) en essayant d’introduire une troisième voix entre les vrais réacs de la « manif pour tous » et les faux progressistes du « mariage pour tous ». J’écris Adieu les rebelles, publié chez Flammarion.

2015, je fais partie des fondatrices du Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP) qui milite pour l’abolition universelle de la maternité de substitution (GPA) (nombreuses interventions dans les médias).
2016-2017, j’écris un témoignage sur « mes années 1970 au MLF ». (à paraître)

J’ai également été Présidente de l’association des « Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation » de Paris 75, de 2013 à 2015. En 2015, j’ai réalisé l’exposition sur « Lutetia 1945, Le retour des déportés » qui continue de tourner.

Mes derniers livres :
– Simone de Beauvoir et les femmes, Ed. Albin Michel, 2015.
– Plus forte que la mort –Survivre grâce à l’amitié féminine dans les camps, Ed. Ouest-France, 2015.
– Adieu les rebelles, Carré Voltaire, Ed. Flammarion, 2014.
– Histoire de l’émancipation des femmes, Ed. Ouest-France, 2012.
– Violette Morris, Histoire d’une scandaleuse, Ed. Perrin, 2011.

– Film, Femmes artiste, A la force du pinceau, réalisatrice Manuelle Blanc, Co-auteur et conseiller Historique, M.J. Bonnet, Production Ex nihilo, Arte, 8 mars 2015.

– Centre Régional des Lettres de Basse Normandie :
Mise en ligne de ma conférence à la librairie Les grands Chemins, à Lisieux, en novembre 2015 sur Élisabeth Vigée Le Brun :
https://www.youtube.com/watch?v=YKnuu0YVp_Q-

– La revue « livre/échange » du CRL me consacre sa couverture et un focus en novembre 2016.

Quelques articles récents :
– « Regards de femmes… au temps de l’impressionnisme », in Dir. Judith Cernogora, Catalogue Portraits de femmes, musée de Vernon, éditions Point de vues, 2016.
– « Élisabeth Louise Vigée Le brun (exposition) », Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/elisabeth-louise-vigee-le-brun/
– “Ruth “mère-porteuse” de sa belle-mère Noémi”, Histoire des Belles-mères, sous la direction de Yannick Ripa, Belin, 2015.

Publié par

Marie-Jo Bonnet

Marie-Jo Bonnet, historienne de l’art et des femmes. Elle a publié une petite vingtaine de livres et de nombreux articles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *