En écho à l’émission « Une vie, une oeuvre de Perrine Kervran sur Rosa BONHEUR, à laquelle j’ai participé le 16 avril 2016, voici un extrait du testament de Rosa Bonheur que j’ai lu à la fin de l’émission.
« Une vie Une oeuvre »
le samedi à 16h sur france Culture
http://www.franceculture.fr/emission-une-vie-une-oeuvre-1
Cet extrait vient d’un chapitre de mon livre « QU’EST-CE QU’UNE FEMME DESIRE QUAND ELLE DESIRE UNE FEMME? », publié en 2004 aux Editions Odile Jacob, p. 231 et suivantes.
Le 8 août elle écrit à Mme Klumpke : « Si elle décide de vivre auprès de moi, je compte donc, en amie loyale et honnête, régler par notaire une situation très nette pour elle en ce qui pourrait lui appartenir chez moi, où elle sera considérée comme chez elle…. ayant chacune notre indépendance… Mis Anna est libre comme l’air… ». Quatre jours plus tard l’affaire réglée devant notaire.
Dans sa « lettre testament » datée du 28 novembre 1898, Rosa Bonheur écrit notamment :
« (…) nous avons le droit, étant libres et célibataires toutes deux, de nous donner par notre travail les jouissances du confortable avec l’argent que nous gagnons par notre travail.
Ma famille m’ayant toute ma vie assez mal jugée en mon droit de vivre librement, après avoir d’abord fait mon devoir envers elle et ayant droit après à l’indépendance de toute personne majeure gagnant elle même sa vie…
Je suis libre de faire ce qu’il me plaît et de défendre une bonne fois pour toutes l’honneur des autres (Nathalie) et le mien.
Je n’ai donc rien à me reprocher envers ma famille, et j’ai pensé que maintenant j’avais le droit de vivre pour moi et de disposer à mon gré de mon bien personnel, n’ayant eu ni enfant, ni tendresse pour le sexe fort, si ce n’est pour une franche et bonne amitié pour ceux qui avaient tout mon estime.
… quant à mes deux neveux, ce sont des hommes solides et bien portants, ils n’ont qu’à faire comme moi, car les hommes ayant la force physique ne doivent pas, s’ils sont fiers et braves, compter sur l’héritage d’une femme dont le travail a souvent été interrompu par les conditions de son sexe et qui ont fait avec raison penser aux hommes justes et dignes de ce titre, que l’homme est fait pour travailler pour la femme et les enfants ; mais hélas ! les femmes ont souvent été obligées de les remplacer quant ils manquent à leur devoir.
Je termine cette longue lettre explicative de ma volonté et de ma justice de tester en faveur d’une compagne artiste comme moi, gagnant noblement sa vie comme moi, désirant ainsi que moi continuer de travailler en paix, continuer sa carrière d’artiste et m’accompagner loyalement jusqu’au dernier jour de mon voyage en ce monde » (A. Klumpke, Rosa Bonheur, sa vie, son oeuvre, 1909, p. 419-421).