Articles de Marie-Jo Bonnet

Féminismes:

« Les milices wokes ont-elles tué le débat ? » La Décroissance, 1er novembre 2023-n°204.

On m’a cancellée pour avoir refusé de faire de Violette Morris un héroïne transexuelle”, Marianne, 21-09-2023.

Barbie, sous couvert de critique du patriarcat, une véritable entreprise de décervellage féminin”, Marianne, 27-07-2023.

Les intellectuelles et la vie”, in Daniel Salvatore Schiffer, Repenser le rôle des intellectuels, Ed. De L’Aube, 2023.

« Le Torchon brûle », Féminismes En Revue, https://femenrev.persee.fr/temoignage-marie-jo-bonnet

Ingrates, nos filles néoféministes nous interdisent-elles de parler après la ménopause?”, propos recueillis par Etienne Campion, Marianne, 4-10-2022.

Ce que provoque la peur d’être traité de “transphobe”, Le Figaro, 26 mai 2021.

Nicole Athea et Marie-Jo Bonnet, “Devenir parents sans GPA”, in Dir. Martine Ségalen et Nicole Athea, Les marchés de la maternité, Odile Jacob, 2021. ISBN 978-2-4150-0033-2

« La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes », traduction italienne Dir. Silvia Guerini, PMA Procreazione Medicalmente Assistita, Dalla riproduzione artificiale animale alla riproduzione artificiale unmana, Transumanesimo e produzione del vivente, Ed. Novalogos, 2020.

« Pour un renouveau éthique » In Anthologie de textes féministes sur   la procréation médicalement assistée et la GPA pour Mimesis, 2019 (Laura Corradi, Silvia Nicolaï) (texte « long »)- « La maternité à tout prix… Le débat français sur la « PMA pour toutes » de septembre 2019, Silvia Guerini, Per un rinnovamento etico, Traduzione a cura di Silvia Niccolai, 2018.

Per un rinnovamento etico, Traduzione a cura di Silvia Niccolai, 2018,

 “Quali alternative etiche alla riproduzione assistita?”, Meccanici I miei occhi nati un laboratorio, ortica editrice, 2019.

Le MLF, une structure ouverte”, Nouvelle Revue Littéraire, octobre 2018.

« Un nouveau matricide », in Le progrès m’a tuer, Leur écologie et la nôtre, Le Pas de côté L’échappée éditions, 2016.

« Un rêve de Simone de Beauvoir « très  différent des autres », L’homme et la société, n° 179-180, janvier-juin 2011.

« Une mort très douce », n° spécial sur « La transmission Beauvoir, Les Temps Modernes,  janvier-mars 2008, n°647-648. Pp. 324-334.

« L’initiatrice », Revue des Lettres et de Traduction, Université de Kaslik (Liban), Faculté des Lettres, n°12-2006 Kaslik.

« Révolution et/ou réformisme homosexuel dans les années 1970 », actes du colloque CLF à la Mairie de Paris, 23 octobre 2010. 

« MLF// Une édition des « Textes premiers » peu éclairante », Lesbia mag, mars 2010

« De la libération des femmes à l’institutionnalisation d’un féminisme bon chic bon genre » et « Voir au-delà de la loi phallique », Actes du colloque Sexe et Genres, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2003.

« La relation entre femmes : un lien impensable ? », in « L’un et l’autre sexe » Dir. Irène Théry, Esprit, mars-avril 2001

« Les noces entre la pensée et la vie », Voix Féministes n°7, La recherche sur les lesbiennes.
Enjeux théoriques, méthodologiques et politiques, sous la direction de Denise Veilleux,
Institut canadien de recherches sur les femmes, avril 1999.

Et « Vingt-cinq ans d’études féministes, L’expérience Jussieu », Cahiers du CEDREF, Université Paris 7-Denis Diderot, juin 2001.

« La Lesbienne dans Le Deuxième Sexe : un universalisme sans universalité », Colloque « Le cinquantenaire du Deuxième sexe », Eischatt. Communication censurée par Ingrid Galster, publiée dans Etudes francophones, Vol. XVI, n°1, printemps 2001 (Etats Unis, Université de La Fayette) + Lesbia magazine, avril et mai 2002. Traduit en espagnol in Orientaciones, n°4, Madrid, 2003.

« La reconnaissance du couple homosexuel : normalisation ou révolution symbolique ? » in  Lien sexuel, lien social. Sexualités et reconnaissance juridique, Supplément au bulletin de l’ANEF n°29, Toulouse, Printemps-été 1999.

ÉROS LESBIEN

Le clitoris ou « le mépris de l’homme ». Retour sur une double castration”, Figures de la psychanalyse, 2022/1, n°43.

Éros lesbien, figure du pastout”, colloque « Penser le sexuel », 11 mars 2017, Revue Figures de la psychanalyse, 1/2018.

Ravissement, Psychanalyse en extension, Colloque Du désir à l’extase, Dimanche 19 novembre 2023.

Éros portraitiste dans Carol de Todd Haynes d’après Patricia Highsmith et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Actes du colloque « Les désirs au féminin dans la littérature et les arts de l’Antiquité à nos jours », Université Bordeaux-Montaigne, 2024.

« La lesbienne est l’archétype de la femme libre », Elle, 18 janvier 2013. Interview d’Isabelle Duriez (8.000 s)

« L’Histoire des lesbiennes est-elle tabou ? » in L’Histoire sans les femmes est-elle possible, Dir. Anne-Marie Sohn et Françoise Thélamon, Paris,  Perrin, 1998.

« De l’émancipation amoureuse des femmes dans la cité, Lesbiennes et féministes au XXè siècle », Les Temps Modernes, n° 598, mars-avril 1998.

ARTS

“Aline Dallier”, in Diana Quinby, Des femmes dans l’art – Hommage à Aline Dallier, Catalogue de l’exposition à la galerie Arnaud Lefbvre, 2022.

Le statut des femmes artistes aujourd’hui, L’Insatiable, avril 2018, : https://linsatiable.org/Le-statut-des-artistes-femmes-1651

Hubert Robert (1733-1808). Un peintre visionnaire (Paris – 2016), Encyclopédia Universalis, 2017.

Charlotte Calmis” in Christine Bard et Sylvie Chaperon, Dictionnaire des féministes, France – XVIIIe – XXe siècle, Puf, 2017.

« Regards de femmes… au temps de l’impressionnisme », in Dir. Judith Cernogora, Catalogue Portraits de femmes, musée de Vernon, éditions Point de vues, 2016.

Marie-Josèphe BONNET, « ÉLISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN (exposition)  », Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/elisabeth-louise-vigee-le-brun/

« Le défi d’Arachné ou le féminin réparateur », catalogue Mireille Honein, Métamorphoses, Galerie Janine Rubeiz, Beyrouth, Liban, 2010

« L’avant-garde, un concept masculin ? », in Guillaume Bridet et Anne Tomiche (dir.), Itinéraires-LTC, n° 1, « Genres et avant-gardes », Paris, L’Harmattan, 2012.

« Un rêve de Simone de Beauvoir « très  différent des autres », L’homme et la société, n° 179-180, janvier-juin 2011.

« Création, procréation, le processus créatif au féminin », La Naissance – Histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui, sous la direction de René Frydman et Myriam Szejer, Albin-Michel, 2010, pp. 91-100.

« À la conquête de la quatrième dimension », in E. Artaud et J. Fayard, Sculpture au féminin, Autour de Camille Claudel, Thalia Édition, 2010.

« Du sans-valeur au sans-prix », Entretien avec Christine Jean, area revues, n°18 printemps 2009

« La reconnaissance des femmes artistes- Réflexions sur la transmission symbolique », Colloque de Cerisy-la-Salle (50), aout 2008.

« Séraphine Louis, dite de Senlis, un génie singulier », Lesbia mag n°285, novembre 2008.

« Camille Claudel, “suicidée de la société“? Persée et la Méduse ou les conséquences dramatiques du clivage femme – artiste » Actes du colloque de Cerisy Regards croisés sur Camille Claudel, juillet 2006, Ed. L’Harmattan, 2008.

– « Âmes blessées, Lames blessantes, Autour de Paloma Navares et de “La jeune fille sans mains” », Colloque « Corps de femmes en écritures », Toulouse, 1er juin 2006.

« Art, utopies et féminismes sous le règne des avant-gardes », Colloque, Utopies féministes et expérimentations sociales urbaines, Tours, 8-9 mars 2006.

« Ars femina, entretien avec Isabelle Gaulon », et « Claude Cahun et Marcel Moore (Suzanne Malherbe), C.C. et M.M. », Arearevue,  n°10, été 2005.

articles « Rosa Bonheur », « Marie Laurencin », « Marie de Sévigné », « Suzanne Valadon », « Elisabeth Vigée Le Brun », dans Paris, Au nom des femmes, Ed. Descartes et Cie, 2005.

« Charlotte Calmis, Mémoire présente d’un langage futur », Dir. Levaillant, Actes du Colloque Les écrits d’artistes depuis 1940, Ed. IMEC, 2004

« Autoportrait de Berthe Morisot », Clio, « Femmes et Images », n°19, printemps 2004.

« De l’ombre aux Lumières – La révolution identitaire des femmes peintres du XVIIIe siècle », Les Femmes dans la Révolution française, éd. Autrement, 2003.

« L’autoportrait féminin comme manifeste politique, XVIIIe-XIXe siècles », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 49-3, juillet-septembre 2002, Belin.

«Gisèle Prassinos ou la joie enfantine de transgresser les interdits», Desmos, été 2000.

(dir.) « George Sand, Jeanne Coppel, Ida karskaya, Charlotte Calmis : les filiations inattendues du collage, de la couleur et de la création », catalogue d’exposition, Musée de Châteauroux, 20 octobre – 31 décembre 1995.

HISTOIRE (féminisme-Homosexualité-Résistance-Déportation)

“Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer!”. La mort de Jean Desbordes, alias Duroc, Préface à la réédition de Jean Desbordes, Les Forcenés, Interstices Editions, 2022.

« L’amitié féminine à Birkenau : de la survie à la « sororité » citoyenne trans-familiale », Université d’été d’ARES – « Echange des cultures et Génocides » Du 11 au 13 juillet 2018. http://www.memoire-sexualites.org/marie-jo-bonnet-lamitie-feminine-a-birkenau-de-la-survie-a-la-sororite-citoyenne-trans-familiale/

Ruth “mère-porteuse” de sa belle-mère Noémi”, L’Etonnante histoire des Belles-mères, sous la direction de Yannick Ripa, Belin, 2015.

« Ce ne sont plus des seins ce sont des martyrs ! » Approche de la sexualité concentrationnaire, Colloque “Le corps à l’épreuve de la déportation”, Dir. Cathy Leblanc, Université catholique de Lille, 12-14 mars 2014, Geai bleu éditions, 2016. ISBN: 978 2 914 670 814

Robert Catalan, Le mystérieux “Robert de l’Eure”, Patrimoine Normand, n°89, avril, mai juin 2014, pp. 66-69.

« Violence symbolique, violence fantasmée, l’exemple de la « scandaleuse » Violette Morris (1893-1944),  actes du colloque « Penser la violence des femmes »- 17 et 18 juin 2010 – organisé par Coline Cardi et Geneviève Pruvost- Université Diderot Paris7.

« Robert Générat (1910-1978), résistant et agent de renseignement militaire à Deauville », La Dépêche, n° 47, novembre 2011.

« La résistance à Lisieux pendant la seconde guerre mondiale », (conférence à la médiathèque de Lisieux, 2 octobre 2010), publié en 6 n° dans L’Éveil de Lisieux, été 2011.

« Révolution et/ou réformisme homosexuel dans les années 1970 », actes du colloque CLF à la Mairie de Paris, 23 octobre 2010. 

« L’homosexualité et son image au camp de concentration de Ravensbrück », R/esistenze lesbiche nell´Europa nazifascista, a cura di Paola Guazzo, Ines Rieder e Vincenza Scuderi, Ed. ombre corte/documenta, Verona, (Italie) 2010.

« Harvey Milk – San Francisco – Paris : Histoires parallèles », Lesbia mag n° 291, juin 2009.

« Déportation des lesbiennes… entre stigmatisation et tabou», Lesbia magazine, novembre 2005 et revue Treize, n° 63 printemps 2006, Montréal.

Lettre de Françoise Basch aux 3 auteures de « Ne nous libérez pas, on s’en charge »

Paris, 1er octobre 2020 – A l’intention des trois auteures de Ne nous libérez pas, on s’en charge

Bonjour !

Je me permets par cette lettre de vous féliciter pour votre publication récente.On appréciera dans ce travail d’équipe l’érudition, l’étendue du champ d’études, l’impressionnante documentation ainsi que les développements sur « Les voix des féministes de couleur », rarement disponibles dans ce genre d’ouvrage. Et bravo pour la présentation agréable, notamment l’insertion des références dans la page.

En revanche les lectrices attachées à la notion de culture féministe déploreront de notables omissions. Pour ma part je me bornerai à dénoncer le silence des autrices sur la personne de Marie Jo Bonnet, qui ne figure pas dans cet ouvrage érudit, hormis deux notes dans le corps du texte. On la chercherait en vain dans l’index et dans la bibliographie. C’est une  omission à la fois injuste et injustifiée. M. J.  Bonnet milite activement depuis son engagement dans le Mouvement en 1971. Elle n’a cessé de prendre part aux actions du MLF, notamment par des initiatives telles que « Le café des femmes à la Coupole » qu’elle a animée de 2014 à 2017. Elle a été partie prenantes d’étapes essentielles, les Gouines rouges, Musidora, le GEF.

Enfin je me demande comment il est possible d’éliminer d’un vaste projet sur l’Histoire des féminismes en France l’auteure d’environ dix-huit ouvrages sur les femmes.  Je ne citerai que les plus intéressants : Les femmes dans l’art  2004, Editions de La Martinière.  Les femmes artistes dans les avant-gardes 2006, Odile Jacob. Les relations amoureuses entre les femmes 1981, réédité en 1995 Odile Jacob.  Adieu les rebelles 2014, Flammarion. Mon MLF , 2018, Albin Michel.

Je doute que vos lecteurs et lectrices se contentent de l’indication « bibliographie non exhaustive » pour expliquer votre silence. Quelques soient les réserves  qu’on peut émettre sur ses travaux il n’est pas acceptable d’occulter l’œuvre et l’action de M.J Bonnet dans le paysage culturel du féminisme français

Bien cordialement

Françoise Basch

La prison de Pont-L’Evêque sous l’occupation 1940-1944

Conférence à Pont-L’Eve^que le 3 mai 2022.

L’histoire de la prison de Pont-L’Evêque sous l’Occupation est restée aussi taboue que celle des internements de prisonniers pendant la bataille de Normandie. Pourtant, je savais par la mémoire familiale (famille Letac) que le docteur Grandrie y avait été interné après son arrestation par la police allemande le 9 décembre 1941. J’avais également découvert aux archives du Service Historique de la Défense (SHD) de Caen, la liste manuscrite des « Détenus par l’autorité allemande ». Mais personne ne voulait en entendre parler.

Mais la vérité fait son chemin.

Toni Mazzotti, petit fils d’un pontépiscopien qui avait caché des aviateurs alliés en 1943, a commencé des recherches et découvert qu’un grand nombre d’entre eux avaient été arrêtés lors du Débarquement et internés dans l’école de garçons. Certains ont été tués d’autres transférés en Allemagne. Toni Mazzotti est à l’initiative de deux plaques commémoratives. Une installée en 2018 à l’école de garçons en souvenir des soldats alliés emprisonnés rue Thouret (Ouest-France 24-8-2018) et une autre derrière le cinéma en 2019, avec la liste des 38 soldats morts pendant la bataille de Pont-L’Evêque. Il racontera ses recherches pour identifier les prisonniers de l’école.

D’autres enfants de Pont-L’Evêque ont voulu savoir. Des enfants porteurs de mémoire, comme Raymonde Virroy dont le père avait aussi secouru des parachutistes anglais le 6 juin 1944 (Ouest-France du 2-6-2021). La « Joyeuse prison » de Pont-L’Evêque ne peut plus occulter ce qui s’est passé avant.

Les recherches font apparaître l’importance de Pont-L’Evêque dans la politique allemande d’internement puisqu’on y dénombre près de 1.200 prisonniers. Près de 150 résistants à la prison sous l’Occupation et 1.000 résistants et aviateurs à l’école de garçons à partir du 6 juin 1944.

La liste des détenus par les Autorités Allemandes à la prison est datée à la fin du 20 août 1944, juste avant l’arrivée de l’armée alliée, de l’incendie de la ville et des combats pour la Libération. La liste a donc survécu à l’incendie et l’on peut supposer qu’il en est de même des archives.

Jean Desbordes- Les Forcenés

Jean Desbordes
Les Forcenés. Préface Marie-Jo Bonnet

Préface de Marie-Jo Bonnet :

« Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer ! » La mort de Jean Desbordes, alias Duroc

« Même le soleil a des taches. Votre cœur n’en a pas. Chaque jour vous me donnez ce spectacle : votre surprise d’apprendre que le mal existe. » Cocteau, Dédicace d’Opium à Jean Desbordes, 1930.

En février 1927, Jean Desbordes entre à l’hôtel de la Madeleine pour « prendre possession » de la chambre n°6 dans laquelle il va bientôt retrouver Cocteau pour une première nuit d’amour. Le fantôme de Radiguet est encore là et dans la lettre qu’il lui adresse, Desbordes commence par le rassurer en disant : « Je suis entré dans cette chambre davantage en pèlerin qu’en amant ». Il connaît la force du lien qui a unit Cocteau au disparu. Mais lui, Desbordes, est vivant. « J’ai voulu avant tout, en entrant, t’écrire et dire mon émotion avant mon amour », poursuit-il, avant de conclure sur cette note pleine d’espoir dans l’avenir : « La vie commence. Elle ne paraît que beauté, clarté, silence. Que le lit sera doux avec toi. Je t’attends et tu es dans mon cœur[1]. »

Desbordes a tout juste vingt ans. Né le 3 mai 1906 à Rupt en-Moselle dans une famille protestante, il a été élevé par sa mère et ses sœurs après la disparition de son père Eugène en 1920 des suites de la guerre de 1914. Il se cherche. Il a fait son service militaire tout à côté de la Madeleine, au Ministère de la Marine avenue Royale, où il occupait la fonction de matelot télégraphiste. Il a écrit à Cocteau pour lui parler de ses textes. Ce dernier lui répond le 6 juillet 1925, le lendemain de son anniversaire, date qui va devenir fatidique dans la vie de Desbordes, comme la Madeleine dont le nom ponctue mystérieusement  sa destinée.

Pour l’instant, « le marin » est un beau jeune homme, à la tête d’ange, comme en témoignent ses photos ou plus tard, celles de Jean Cocteau pour son film Le sang d’un poète. « Jean-Jean », le petit nom de Desbordes, est habillé en marquis Louis XV. Cocteau a pris fait et cause pour celui qui s’était présenté à lui comme un jeune écrivain. Le jeune homme souhaite s’élancer dans une carrière littéraire, encouragé par Cocteau qui lui a écrit « Dieu me donne une tache : Ton œuvre ». Il va partager la vie de Cocteau pendant sept ans et accepter toutes ses frasques. Yvon Belaval raconte qu’ils « se déguisaient en marins, couraient les bals populaires, stupéfiant les patrons des établissements par des pourboires excessifs[2]. » Années fécondes pour Desbordes qui démarre sa carrière en fanfare avec la publication en juin 1928 de son essai J’adore, aux éditions Grasset. Suivront Les Tragédiens, en 1931 toujours chez Grasset, et une pièce de théâtre La mue en 1935…… (suite dans Les Forcenés)


[1] Lettre inédite de Jean Desbordes à Jean Cocteau, datée de 1927, dactylographiée et signée au crayon. Archives Étienne Grannet-Desbordes que je remercie chaleureusement pour m’avoir si généreusement donné accès à la correspondance de son oncle Jean avec Cocteau et sa famille. Une édition de cette correcpondance inédite est en préparation.

[2] Yvon Belaval, « La rencontre avec Jean Cocteau », Cahiers Jean Cocteau, 3, NRF Gallimard, 1972, p. 75.

Inauguration des allées Andrée Jacob et Eveline Garnier square Louvois, Paris 2e

Andrée Jacob par Chériane

Je remercie la Mairie de Paris et particulièrement Catherine Vieu-Charier, adjointe à la Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant, ainsi que M. Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement, d’accueillir dans le square Louvois Andrée Jacob et Eveline Garnier, deux grandes actrices de notre histoire qui ont étonnamment disparu de notre mémoire collective.

Merci de faire acte de justice, non seulement pour l’histoire des femmes mais aussi pour l’histoire de la résistance en France, et plus spécialement de ce cher Paris où elles sont nées, ont vécu et ont travaillé toute leur vie. Savions-nous qu’Andrée Jacob est à l’origine des panneaux présentant les monuments et sites principaux de la capitale ?

Il faut dire qu’Andrée Jacob le connaissait bien, l’ayant arpenté dans tous les sens sous l’Occupation comme secrétaire de Claude Bourdet, qui était monté dans la capitale en juillet 1943 pour diriger le réseau Noyautage des Administrations Publiques (NAP).

Le fait qu’elles vivaient ensemble rue Rousselet dans le 7e arrondissement, et qu’elles se sont connues avant l’Occupation, dans le cercle de Jacques Maritain, l’oncle d’Eveline, y est pour quelque chose. Ce milieu de catholiques de gauche donnera naissance à Témoignage chrétien et au numéro spécial sur l’antisémitisme sorti en pleine occupation. Andrée Jacob est évidemment bien placée pour être alertée et organiser la résistance. Elle conduira ses parents en zone sud, dans la maison de Buissière ou habite la famille d’Eveline Garnier, ne portera jamais l’étoile jaune, et fabriquera des faux papiers pour les Juifs de son entourage. Ariane Lévery, présente parmi nous aujourd’hui, a pu bénéficier de ces papiers qui lui ont sauvé la vie, ainsi qu’à sa mère. Elle est d’ailleurs venue avec.

A partir de 1943, le travail s’intensifie. Il s’agit de préparer la libération en protégeant les membres de l’administration publique résistants. Sans ce travail incessant de ces chevilles ouvrières de la Résistance, il n’est pas certain que de Gaulle aurait pu s’appuyer de manière aussi confiante sur une administration épurée qui posera les fondement du nouvel Etat français.

Grâce à leur sang froid, quand un certain matin d’avril 1944, la Gestapo est venue frapper à leur porte, elles ne furent pas arrêtées et purent ainsi reprendre le flambeau de la direction du réseau Nap en juin 1944, à la suite des arrestations ses chefs. S’occuper de la logistique, de la gestion des fonds, de la récolte et distribution des quelques 600 lettres échangées quotidiennement entre les différents centres de décision de l’insurrection parisienne, sans oublier la protection des archives, cachées aux Archives nationales ou travaillait Jacqueline Chaumié.

Elles représentent l’armée invisible des femmes sans lesquelles la Résistance n’aurait pas été en mesure de préparer et réussir l’Insurrection parisienne.

© Jean-Georges Jaillot-Combelas

Puisque nous sommes en face de la Bibliothèque nationale, Rappelons l’acte de bravoure d’Andrée Jacob qui l’a libérée à la tête d’un peleton FFI et fait arrêter Bernard Faye au moment où il allait s’évader vers les Etats Unis avec des fichiers importants, comme elle le raconte dans son témoignage conservé aux Archives nationales.

Après la Libération, un autre travail tout aussi essentiel les attendait au ministère des Prisonniers, déportés et rapatriés, dresser un premier fichier des disparus, et participer à la Mission dirigée par l’historienne Olga Wormser sur l’identification, la localisation et la recherche des déportés de France. Elle participera aussi à la constitution de la documentation pour le film Nuit et brouillard d’Alain Resnay.

Il aura donc fallu 75 ans, pour que ce couple de pionnières du devoir de mémoire et de la valorisation du patrimoine, ce couple de femmes résistantes mystérieusement rayées de l’histoire en dépit de leur état de service prestigieux, soit enfin honorées par notre cité de Paris.

J’espère que les jeunes pourront désormais puiser auprès d’elles la force de résister à l’oppression sous toutes ses formes (politique, religieuse, technologique) pour participer au renouveau si nécessaire de notre monde. Marie-Jo Bonnet, 29 août 2019

Discours de Marie-Jo Bonnet au vernissage de l’exposition CREATRICES, à Rennes

Permettez moi de commencer par remercier les artistes qui ont tant œuvré pour l’émancipation. Dans l’indifférence parfois, l’incompréhension mais toujours en suivant leur lumière intérieure. Je suis heureuse de leur rendre hommage par cette grande exposition féministe qui a pu se réaliser dans la ville de Rennes grâce au soutien de Mme Nathalie Appéré, maire de Rennes, et à toute l’équipe du musée dirigée par Anne Dary et aujourd’hui Jean-Roch Bouiller. Rennes, et la Bretagne, se mettent ainsi à l’avant-garde de la reconnaissance des femmes artistes.

Je remercie le comité scientifique qui m’a accompagnée dans l’élaboration du projet, et qui a été un lieu chaleureux d’échanges et de réflexion très dynamisant. Je crois que la relève est assurée.

Un merci spécial à François Coulon, que j’ai rencontré il y a plusieurs années au musée alors que je réalisais un Guide des femmes artistes dans les musées de France et qui a eu l’idée de me proposer cette exposition.

Merci aussi à Valérie Richard qui a assuré le secrétariat des demandes de prêt avec tant de compétence avec Macha Paquis, jeune normalienne.

Les éditions Ouest-France, étaient tout naturellement désignées pour publier le catalogue. Mathieu Biberon, directeur éditorial et Alice Ertaud, ont réalisé avec enthousiasme cet ouvrage qui sera la mémoire de l’exposition.

Je suis heureuse d’avoir pu rassembler un ensemble d’œuvres majeures réalisées par les plus grandes artistes, de Camille Claudel à Louise Bourgeois en passant par Elisabeth Vigée Le Brun, dont l’autoportrait en train de peindre a été peu montré en France. En tout  80 œuvres  de femmes, du Moyen Age à nos jours, qui sont unies et mises en espace par Eric Morin, dans une perspective émancipatrice.

Le statut des femmes artistes a fait l’objet, on le sait, d’un long combat. Et pour mieux en comprendre toutes les implications, nous avons choisi l’organiser l’exposition autour de cinq grands axes, qui représentent chacun un courant porteur. Comment se libérer de sa condition féminine en bravant les interdits ? Comment le portrait et l’autoportrait contribuent à changer l’image sociale des femmes en oeuvrant pour la reconnaissance des artistes ? Comment les artistes ont lutté contre les clichés de l’art féminin au point de révolutionner la tapisserie ? La question de la spiritualité en art comme source d’énergie créatrice, et enfin la trop prégnante question des violences subies ou comment les transformer par l’activité artistique pour renaître en sortant du statut de victime.

Nous voyons ainsi que les femmes artistes ont réalisé un travail symbolique essentiel, qui nous concerne tous et toutes et qui se déploie dans l’histoire depuis les premières visionnaires du Moyen Age, jusqu’à ce Baby carriage de la japonaise Chiharu Shiota.

Nous sommes en effet en présence d’une exposition de dimension internationale, avec des artistes issues de nombreux pays, qui permet de réévaluer l’apport des femmes dans le champ artistique. Nous espérons ainsi remettre en cause la logique d’une histoire de l’art fondée sur les ruptures avec le passé. Les femmes sont novatrices dans l’emploi des matériaux non nobles, dans le refus des clivages, l’ouverture à d’autres spiritualités et le désir d’exprimer un point de vue personnel sur le monde.

Avant de passer la parole à l’association Histoire du féminisme à Rennes et à H/F Bretagne, j’aimerai dire pourquoi je leur ai proposé de chanter l’Hymne du MLF au  cours du vernissage. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été bouleversée d’entendre la chorale de 600 femmes chanter dans le stade de Rennes lors de la coupe du monde féminine de football cet hymne que j’ai tellement chanté lorsque j’étais au MLF. Il fait partie de mon cheminement dans la découverte des femmes artistes, et  de ma prise de conscience de l’inégalité de statut homme-femmes qui les a tant marginalisées. C’est auprès de Charlotte Calmis notamment et de son association La Spirale que je me suis éveillée à toutes ces questions, découvrant à quel point l’art est certainement l’avenir du féminisme dans sa capacité à élaborer un nouveau point de vue sur le monde et à nous le faire partager.

Je souhaite que cette exposition ouvre de nouveaux chemins d’émancipation dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Rennes, 28 juin 2019.

L’Hymne du MLF

Qui a composé l’Hymne du MLF? « L’hymne » des femmes a été composé chez Monique Wittig, fin mars 1971 pour un rassemblement au square d’Issy-les-Moulineaux en honneur aux femmes de la Commune dont on fêtait le centenaire. Outre Monique Wittig, il y avait Hélène Rouch, Cathy Bernheim, Catherine Deudon, M.-J. Sinat, Gille Wittig, Antoinette Fouque, Josyane Chanel et Josée Contreras qui se souvient avoir proposé l’air du Chants des Marais qu’elle avait appris en colonie de vacances en ignorant qu’il s’agissait du grand chant des déportés. Témoignage de Josée Contreras, destiné au Colloque « Femmes en chansons », 2010. Pour plus de développement voir MON MLF, par Marie-Jo Bonnet, Albin Michel, 2018.

Les femmes que vous voyez en train de chanter en noir et blanc sont « Le groupe musique du MLF ». la fille qui joue de la guitare, c’est moi. Filmé à Jussieu en 1972, avec Luce Theye, Claudette Davené, Marianne Ilisca,Annie Sinturel (flute et accordéon) et celles dont j’ai oublié le nom mais pas le visage.

Nous voulions enregistrer un disque. Voici la matrice dans le film

Exposition « La vraie vie est ailleurs » au musée des Beaux arts de Brest-

Marta Pan, Les Lacs, 1988, rue de Siam à Brest.

Le musée des Beaux arts de Brest, dirigé par Sophie Lessard, organise une exposition en liaison avec celle du Musée des Beaux-arts de Rennes dédiée aux Créatrices, l’émancipation pour l’art.

Elle a lieu du 29 juin 2019 au 5 janvier 2020 sur le thème :

« La vraie vie est ailleurs – Artistes femmes autour de Marta Pan : Simone Boisecq, Charlotte Calmis, Juana Muller, Vera Pagava, Judit Reigl. »

Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Marie-Jo Bonnet, historienne de l’art et des femmes, rend hommage aux artistes étrangères, nées « ailleurs » ou hors métropole, qui ont eu le courage de quitter leur terre natal pour venir vivre en France l’aventure de la création artistique.

Elles ont aussi choisi l’abstraction comme mode d’expression privilégié de cet « ailleurs » qu’elles cherchaient dans leur art et dans la vie.

L’exil volontaire est toujours une expérience risquée… et féconde. Pour ces artistes assoiffées de liberté, elle va devenir un vecteur d’émancipation incomparable qui les jette dans l’inconnu pour s’obliger, peut-être, à s’appuyer sur le potentiel créateur présent en chacune et chacun d’entre nous.

Les 6 artistes qui nous présentons au musée des Beaux arts de Brest à travers 44 œuvres originales, sont arrivées en France entre 1920 et 1950. Que ce soit par la sculpture, comme Marta Pan avec « Lacs » de la rue de Siam, (1988) qui sont devenues une des grandes fiertés de la ville, par la peinture, le collage, et même la poésie, elles ont créé un univers singulier aux résonnances contemporaines qui montre l’importance de la création des femmes dans le rayonnement artistique de notre pays.

Créatrices, l’émancipation par l’art- exposition au Musée des Beaux-arts de Rennes en2019

Je prépare au musée des Beaux-Arts de Rennes pour l’été 2019 (29 juin-29 septembre) une grande exposition « Créatrices, l’émancipation par l’art« , dont je suis la commissaire avec Anne Dary, directrice du musée.

On y verra plus de 80 oeuvres (depuis le Moyen Age) dont: Louise JANIN, « Dragon volant au-dessus de Kwen Lun », 1924,

Louise Janin et Marie-Jo Bonnet en 1993