Anne-Marie Grélois / Fauret

Anne-Marie Grélois ( à droite) et Marise manifestant en 1971 (photo Elie Kagan)

Manuscrit inédit d’Anne-Marie Grélois (archives Marie-Jo Bonnet):

Le FHAR, théories et tendances

L’apparition et le développement du FHAR furent si rapides que nul ne se soucia d’analyser les raisons pour lesquelles son mode d’action principal fut le sabotage. Nous gambadions comme des enfants qui, en guise de ballons, auraient joyeusement brandi des bombes à hydrogène. En effet, de par notre lutte contre la famille et contre une sexualité biologisée, nous étions le désordre, l    la catastrophe, l’événement explosif caractéristique d’une métamorphose par et dans la désintégration. 

Notre premier slogan, déjà, mettait en lumière ce trait fondamental : NOUS SOMMES UN FLÉAU SOCIAL !

Ainsi la force du FHAR devait essentiellement résider dans sa capacité de refus. Nous n’étions jamais aussi déterminés que lorsque nous décidions d’aller perturber manifestations et discours de ceux dont la parole rencontre l’approbation d’un groupe social, quel qu’il soit, médecins, prêtres, hommes politiques, tout nous était bon.

Il n’est donc pas surprenant que nous nous soyons retrouvés assez nombreux salle Pleyel où Ménie Grégoire avait organisé une émission sur l’homosexualité, transmise en direct sur Europe n°I. Ce dernier point surtout nous intéressait car nous étions décidés à passer sur les ondes; Filles et garçons s’étaient d’abord sagement installés aux premiers rangs de la salle où abondaient retraités des deux sexes et bourgeoises désœuvrées dans la mesure où l’émission, style Aujourd’hui Madame, avait lieu dans l’après-midi…. »

60 femmes qui ont marqué l’histoire du féminisme

Exposition à la gare Saint-Lazare le 8 mars 1982, organisée par Yvette Roudy, Ministre des droits des femmes, et Michèle Coquillat.

J’ai réalisé la documentation historique, le choix des féministes et des citations.

L’exposition a été reprise en 2002 au Panthéon par Christine Bard.

Paris – San Francisco: Histoires parallèles- La première « Lesbienne et gay pride » à Paris

à lire dans LESBIA MAG de juin, en écho au film Harvey Milk, mon article comparant les mouvements de libération homosexuelle à San Francisco et Paris.
Avec deux photos de la manifestation du 27 juin 1977, à Paris, « contre la répression de l’homosexualité » et la campagne anti homo d’Anita Bryant.
Ici, photo de Anne-Marie Faure-Fraisse.

Manifestation à Paris contre la répression de l'homosexualité
Manifestation à Paris contre la répression de l'homosexualité

Ce qui me frappe d’abord, dans ce beau film racontant le combat des homosexuels à San Francisco, c’est de voir à quel point la lutte pour les droits civiques à San Francisco à été menée par les gays. Aucune femme à l’horizon jusqu’à l’apparition d’Anne Kronenberg qui entrera dans l’équipe de la campagne électorale en tant qu’attachée de presse. « Vous voulez bien d’une gouine », demande t-elle aux jeunes gens assemblés dans le magasin d’Harvey Milk pour préparer la campagne électorale. Oui ! mais est-ce vraiment ainsi que s’est passé son entrée dans le groupe gay ?

La mixité du FHAR

Pour moi qui ai vécu la révolte des homosexuel-le-s exactement à la même période (1971-1980), et même un peu avant puisque nous avons commencé l’année précédente, le film sur le mouvement gay de San Francisco est un grand sujet d’étonnement. En effet, s’il y a une réelle différence entre les deux villes, elle se situe d’abord là. En France, la révolte a été mixte dès le départ. Et je dirai même que ce sont des femmes, Anne-Marie Grélois et Françoise d’Eaubonne, qui l’ont lancée, jusqu’à ce que des garçons venus d’horizons différents se joignent à l’embryon de groupe qui se formait. Je citerai bien sûr l’extrême gauche avec Guy Hocquenghem qui faisait partie du groupe maoïste « Vive la Révolution » et devait avoir un rôle déterminant dans le démarrage du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) grâce à deux actes : la publication du numéro 12 de Tout, le 23 avril 1971 avec une double page entièrement consacrée aux homos, hommes et femmes. Et à son interview publiée en janvier 1972 dans le Nouvel Observateur où le beau jeune homme, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, parlait ouvertement de son homosexualité.

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